Pour La Culture : Le 30e anniversaire du magazine "5 Majeur"

“La photo historique d’un 5 majeur de rêve” : telle est la description du premier numéro du magazine 5 Majeur, le seul mensuel de basket NBA en France, publié en mars 1991 !

Plus d’un an avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Barcelone de 1992, le nouveau magazine français dédié au basket américain nous dévoilait le starting 5 de la fameuse Dream Team : Charles Barkley, Karl Malone, Patrick Ewing, Magic Johnson et Michael Jordan. Le tout sur un fond bleu avec le logo 5 Majeur rouge et des inscriptions blanches en harmonie avec la tenue de Team USA mais surtout, à l’image de notre drapeau français ! Dès sa sortie, à une époque où le football avait le monopole (et où les Francs régnaient…), ce périodique est accueilli comme un véritable game changer par les fans de basketball. Il parvient à combler un manque fondamental dans la transmission d’une culture : les écrits, sous forme de dossiers aboutis, d’interviews exclusives, de témoignages inédits… toujours sur un ton authentique et accessible.

En mai 2000, 5 Majeur nous fait rêver avec son interview de Tony Parker, jeune espoir français de 17 ans qui venait de donner une leçon à ses adversaires américains lors du Hoop Summit, à Indiana. Dès sa première réponse, il nous fait part de son “but ultime” :  la NBA ! Il enchaîne avec sa performance historique au Hoop Summit à l’issue duquel il termine meilleur marqueur européen, tout en étant le plus jeune joueur sur le parquet. Il nous révèle qu’il aimerait jouer aux Chicago Bulls par rapport à ses origines et pour suivre les pas d’un certain Michael Jordan… Un an plus tard, TP est finalement drafté par les San Antonio Spurs en 28ème position où il fera une carrière remarquable de 18 ans, avec 4 bagues NBA (2003, 2005, 2007 et 2014) à la clé, 1 titre de MVP des finales en 2007 et 6 participations au NBA All-Star Game. Sans oublier que notre Frenchie détient le record du nombre de passes décisives de la franchise avec un total de 6829 assists !

En plus des récits captivants de l’équipe rédactionnelle, la direction artistique du magazine a toujours mis en valeur le basket, son dynamisme, ses Hall of Famers et leur style singulier. La cover du 5 Majeur numéro 200 spécial anniversaire pour les 20 ans en est la preuve, avec MJ et sa AJ8 “Aqua” au premier plan, Kobe Bryant et son afro, Allen Iverson et sa casquette des New York Yankees ou encore l’illustration de la AJ6 “White/Infrared” de 1991. Ce qui nous amène à un autre point fort du magazine : ses posters collectors qui ont envahi la chambre de tous les passionnés du ballon orange, des 90s à nos jours. Mes posters préférés restent ceux des Lakers et des Sixers du numéro 104 de juillet/août 2001, dédié aux finales NBA 2001 remportées par la franchise de Shaq et Kobe !

En septembre 2013, la direction du mag s’empresse d’éditer un 5 Majeur Express en hommage au premier titre de l’équipe de France à l’EuroBasket 2013, suite à une victoire mémorable face à la Lituanie. Un an plus tard, la sphère sneakerheads a droit au premier livre de 5 Majeur consacré aux meilleures basketball shoes de 2014. De la Kobe 9 Elite “Masterpiece” (mise en lumière sur la cover) à la K1x Anti Gravity, en passant par la Jordan XX9 ou encore la Li-Ning Way Of Wade 2, toutes les marques de l’industrie et leurs technologies sont représentées à travers 150 pages de qualité. En 2015, le deuxième volet voit le jour avec en prime le récapitulatif des évènements principaux de l’année dont le Palais 23 pour les 30 ans de Jordan Brand, le Quai 54 ou encore le KD European Tour ! Je vous invite d’ailleurs à jeter un coup d’oeil à mon article Numéro 10 – Quai 54 sur les meilleurs modèles dédiés au World Streetball Championship Made in Paris.

Plus récemment, la revue a célébré les débuts de Zion Williamson en NBA sous le maillot des New Orleans Pelicans, le phénomène Luka Doncic à Dallas, l’arrivée de LeBron aux Lakers et celle de James Harden Aka The Beard à Brooklyn. Elle a également rendu un bel hommage à Kobe Bryant, avec un magazine hors-série collector dédié au Black Mamba, ses 20 ans de carrière NBA historiques et son héritage sur et hors des parquets de la ligue de prestige.

Cette pièce de collection est conclue par deux pages de mots sincères et touchants de Grégory Gabillet, Rédacteur et Chargé des Relations Publiques de 5 Majeur depuis plus de 20 ans. J’ai le plaisir de vous partager mon interview avec ce passionné de basket et expert en la matière !

Quel est ton premier souvenir de 5 Majeur ?

Le premier numéro de mars 1991 : sa cover mythique avec Charles “Baby TGV” Barkley, Pat’ Ewing, The Mailman, Magic et Jordan. Il manquait King Larry sur cette cover mais elle reste iconique. J’adorais le basket, je lisais les magazines Newsport et Maxi. J’avais découvert la NBA avec Canal+ quand ils diffusaient les matches des Knicks. Là, un magazine entièrement dédié à la NBA, c’était le top pour moi. Je me suis abonné direct ! J’avais 16 ans quand le mag est sorti. Je ne l’ai jamais quitté au final.

Comment décrirais-tu le magazine en un mot ?

Passion.

5 Majeur a toujours été réputé pour ses covers flamboyantes et ses posters collectors. Peux-tu nous parler du process de création ?

C’est assez “simple” : Sauny, notre graphiste, a carte blanche sur toute la partie créa du mag. Il a accès à la base de données des photos Getty. Il nous tient informés des photos qui pourraient être choisies pour la cover, et ensuite, il bosse et nous, à la rédac’, on attend que la lumière sorte de son esprit ! (rires) Sauny est notre graphiste depuis 20 ans et pour rien au monde on changerait.

Quel est ton numéro préféré ? Pourquoi ?

Le premier pour sa symbolique, pour cette arrivée dans le paysage. J’ai toujours aimé les magazines de sport. Ce premier numéro m’a scotché et donné envie de continuer de lire ce magazine. À travers 5 Majeur (mais aussi Mondial, Maxi, Basket Hebdo et toutes ses déclinaisons), mon envie d’écrire, de devenir journaliste s’est développée.

Le numéro 4 m’a également marqué, avec Kareem Abdul-Jabbar en cover. Le mag lançait les fiches NBA, je les ai encore chez moi. La story de Jabbar me parlait et le magazine me rappelait le documentaire “Sky Hook” de Didier Roustan sur KAJ, réalisé pour Mag Max. J’ai d’ailleurs eu l’opportunité de dire à Didier Roustan que ce docu m’avait marqué et m’avait donné envie de réussir dans le journalisme, comme 5 Majeur.

Quelle interview t’a le plus marquée ? Pourquoi ?

Question compliquée… Allez, je vais en citer deux. La première, celle de Tony Parker, encore à Paris, qui revenait du Hoop Summit. Il m’avait totalement bluffé par son assurance et sa motivation. Il avait un but, la NBA. Entendre un gamin parler ainsi, c’était peu courant en France… et c’était assez mal perçu. Moi, j’avais adoré !

La seconde, celle de Kobe, lors de sa dernière venue à Paris en octobre 2017. C’était court mais magique. Quelle tristesse rien que d’y penser.

Quel est ton meilleur souvenir en tant que Rédacteur de 5 Majeur ?

Mon meilleur souvenir est l’aventure depuis 2000, le fait que ce magazine soit toujours vivant malgré les crises, les mauvaises périodes, l’arrivée, l’essor et la mainmise d’Internet sur l’info. On ne se rend pas bien compte à quel point la presse écrite souffre. Je pense à mes collègues de Mondial, par exemple, aux autres magazines qui ont dû arrêter et à ceux qui continuent mais qui galèrent. C’est une fierté de voir un magazine réussir à vivre aujourd’hui. J’espère que cette belle aventure durera encore longtemps !

Même si c’est un souvenir immensément triste, le décès de Kobe en fait partie. Avec Pascal Silvestre, Rédacteur en Chef de 5 Majeur, on était, comme tous les amoureux de basket, sous le choc. On s’envoyait des sms à la seconde, en fonction des infos. On s’est lancé pour faire un numéro hommage en 48 heures, sous l’émotion, la tristesse, mais avec l’envie de rendre un modeste hommage à Kobe. Réussir ce pari, malgré les obstacles, reste un souvenir unique pour moi.

Un mot de la fin ?

Ne jamais rien lâcher et ne jamais arrêter de lire la presse magazine. Je prêche pour ma paroisse, je le sais, mais c’est important d’avoir une presse papier, différente de ce qui se fait (très bien) sur Internet.