Éditorial - Mai 27, 2021

She Knows : Hanadi Mostefa, Co-fondatrice du magazine ANCRÉ

Cet article fait partie 2 de 11 la série: She Knows

Dans un monde où la diversité doit être considérée, appréciée et valorisée, Hanadi Mostefa (ex-Manager chez HYPEBEAST France) et Didier Piquionne (CEO & Founder de Make It Clap Agency et HHLS) ont décidé d’apporter leur pierre à l’édifice en lançant le média féminin ANCRÉ. Comme l’indique la bio Instagram, le magazine nous fait découvrir “ceux qui font la culture mode, sneakers, musique et beauté d’aujourd’hui et de demain”, de manière authentique, inclusive et engagée.

 

Des nouvelles tendances lifestyle aux dénonciations discriminatoires en passant par la mise en lumière de ses (nouveaux) followers, ANCRÉ s’est intégré dans le paysage tel le porte-parole de la Youth Culture et des OG. Le tout, Made in France !

Hanadi Mostefa, Co-Fondatrice et Directrice de la rédaction du magazine, nous partage les inspirations, la vision et les aspirations du mouvement ANCRÉ, dans un entretien passionnant et enrichissant.

Herbby : Salut Hanadi. J’espère que tu vas bien. Félicitations pour le lancement de ANCRÉ ! Je tiens également à vous remercier, toi et la Team, car je pense que la culture a besoin d’un magazine comme le vôtre. Et justement, pour commencer, pourquoi avez-vous décidé de créer un média féminin ?

Hanadi : Cela faisait 7 ans que j’officiais sur des sites masculins : j’ai été Rédactrice en chef de la verticale masculine de Melty puis Manager de la rédaction française d’HYPEBEAST et j’ai toujours eu du mal à trouver un média féminin qui me correspondait. C’est d’ailleurs pour ça que d’instinct, j’ai tout de suite préféré les médias dédiés aux hommes, on y parlait sport, foot, et surtout streetwear. Il n’y avait pas cette injonction à être belle. Et alors qu’on prône le vivre ensemble et l’inclusion, je ne trouvais toujours pas de plateforme mode qui parle quotidiennement à toutes ces femmes qui représentent la mode streetwear mais aussi cet état d’esprit du hustle. Parce que le mot streetwear est, avant tout, une mentalité. Et moi je ne vois que ça, des petites gos créatives, qui charbonnent, et qui décloisonnent. Alors on a voulu les sublimer, leur donner une voix, les labelliser.

 

Herbby : Peux-tu nous expliquer l’origine du nom ANCRÉ ?

Hanadi : Je tenais absolument à avoir un accent, parce qu’on a tendance à les faire disparaître, ça entrait en résonance avec l’invisibilité des femmes qu’on souhaite représenter sur ANCRÉ. Je voulais aussi qu’on comprenne qu’on est là, enraciné, qu’on ne va pas bouger. Et quand je dis “on”, je parle de ceux et celles qui font notre audience. Les femmes et les hommes d’ANCRÉ, vous ne les effacerez pas, vous les entendrez, vous les verrez. Ça arrivait aussi dans une période où on se sentait en suspens et j’avais besoin qu’on se sente solide. Le mot peut aussi être confondu avec “encré” à l’oral, on retrouve la notion d’écriture, de trace et de média.

 

Herbby : Quelle est votre vision pour ce magazine “trait d’union entre les hommes et les femmes” ?

Hanadi : Nous avons vraiment à coeur qu’ANCRÉ soit aussi une destination pour les hommes, pour qu’ils se tiennent au courant de certains sujets et tendances, des formes d’arts liés à la beauté et la mode féminine. J’ai toujours travaillé avec des garçons, dirigé beaucoup de garçons, et il faut être dans le dialogue, il faut leur apprendre, les sensibiliser. S’il n’y a pas de transmission, pas de trait d’union, alors on rate le coche de la compréhension. C’est la base du journalisme : informer et faire comprendre. Rien ne me fait plus plaisir qu’un mec qui vient me dire qu’il suit ANCRÉ et qu’il adore ! Je veux aussi que les femmes aient accès à la mode masculine, à des sujets qui touchent les garçons. Elles piochent dans le vestiaire masculin donc ça m’apparaît comme une évidence de les informer sur des collections qu’elles veulent aussi porter ou simplement découvrir.

Ancré Magazine 2021

ANCRÉ fait toujours appel à sa communauté pour ses éditos photo – Crédit photo : @petecasta sur Instagram pour ANCRÉ

Herbby : J’apprécie particulièrement la notion de diversité véhiculée de manière inclusive à travers les articles du magazine, les visuels de vos réseaux sociaux et vos ambassadrices. Peux-tu développer sur l’importance de cette notion fédératrice ?

Hanadi : La base d’un travail de Manager est de rassembler, de trouver les forces de chacun et de faire en sorte de les développer. C’est tout faire pour que ton équipe soit dans les meilleures conditions pour s’exprimer. Mon équipe est mon audience alors je réfléchis pareil, c’est elle qui nous inspire et c’est elle qu’on veut inspirer. Si on a créé ANCRÉ c’est pour elles, elles sont nos ambassadrices, nos sujets d’articles, nos voix : elles sont nous.

Herbby : L’engagement anti-discrimination est un autre aspect fort du média. Vous n’hésitez pas à aborder des sujets qui sont souvent mal traités, négligés voire ignorés par la sphère médiatique. Y a-t-il des sujets tabous chez ANCRÉ ? Si oui, quels sont-ils ? Si non, pourquoi ?

Hanadi : ANCRÉ n’est pas un site de fans, c’est un site d’information, ce qu’on a tendance de plus en plus à oublier chez les médias dits “entertainment”. La communication et la recherche perpétuelle de l’engagement sur les réseaux sociaux ont fait complètement oublier la notion d’information. On ne peut pas critiquer BFMTV ou CNEWS et soit même faire l’impasse sur des sujets. Se taire c’est choisir d’orienter son audience vers un certain silence. Ça me fait bondir quand des médias censurent des informations pour garder un côté cool. Imaginez si demain Le Point, qu’on qualifie de média de droite, ne relaie aucune information concernant les frasques de Nicolas Sarkozy ou si L’Équipe ne relaie aucune histoire de dopage pour ne pas “salir” le sport. Un média, peu importe son ADN, se doit de dire, et pas seulement sur les sujets qui l’arrangent. Aucun tabou chez ANCRÉ, c’est d’ailleurs ce que je répète tous les jours à mon équipe, même si ça doit fâcher des annonceurs. Je préfère perdre une campagne publicitaire mais rester éthique.

Herbby : À l’heure où tout le monde se focalise (uniquement) sur la “Génération Y”, vous tenez à inclure les OG “qui avant nous, ont construit un patrimoine de savoir”. Selon toi, quel est le rôle des OG dans la Youth Culture ?

Hanadi : Ils sont nos bibliothèques, nos lanternes, ils sont là pour transmettre. Ils sont aussi là pour apprendre de la nouvelle génération. Ça s’inscrit dans la même volonté que de rassembler les hommes et les femmes, renouer le dialogue. C’est la même chose avec les OG. À 32 ans, je me considère moi aussi dans ce rôle. ANCRÉ a été créé pour transmettre.

Herbby : Quel est ton Top 3 inspiration ANCRÉ : 1 artiste musical / 1 designer mode / 1 nouveau follower ?

Hanadi : En artiste musical, je citerais SCH parce que le mec a suivi sa route sans jamais se faire attraper par les branches de la tendance, il est resté fidèle à lui-même, à son rap et grâce à son abnégation, il s’est sublimé. Choisir de ne pas plonger dans les tendances est une preuve de confiance et de persévérance. Pour le designer mode, je regarde beaucoup ce que fait le créateur belge Nicolas Di Felice qui vient d’être nommé Directeur Artistique de Courrèges. Il est pour moi le prochain Jacquemus. Il offre une mode élégante et portable tout en puisant dans l’univers des années 60. C’est difficile d’être simple parfois, lui le fait avec imagination et classe absolue. Quant à un follower, on regarde tous les profils qui s’abonnent au compte et ça serait injuste de n’en citer qu’une seule, parce que chez chacune il y a un univers qui nous touche. Mais on a récemment fait profiter d’une opération avec Apple à une de nos abonnées qui est photographe, pour lui permettre de shooter et de garder le dernier iPhone !

 

Herbby : Quel est ton Top 3 sneakers : pour un prochain shooting ANCRÉ / pour la Fête de la Musique / pour une prochaine marche des libertés ?

Hanadi : Je n’ai pas de Top mais je suis admirative du travail de Yoon Ambush avec Nike et si il y a bien une collab que j’attends de découvrir, c’est celle-ci ! Elle a promis de nouvelles paires et je suis impatiente de voir comment elle va retravailler le Swoosh. Enfin une femme se range au rang des plus grosses collab sneakers.

Côté agence, ANCRÉ a notamment produit du contenu pour le champion du monde et joueur du PSG Presnel Kimpembe – Crédit photo : @petecasta sur Instagram pour ANCRÉ

Herbby : Que peut-on attendre du média dans les mois à venir ? Comment peut-on contribuer au développement de ANCRÉ ?

Hanadi : On bouillonne d’idées, on a lancé une capsule musicale, des capsules make-up, et là on travaille aussi sur le coté agence du média. On souhaite mettre notre expertise et les talents de nos abonnées au service des marques pour qu’elles parlent à une audience féminine avec les bons outils et les bons messages. Si on peut aider notre audience à se professionnaliser, c’est aussi ça la transmission !

Herbby : Pour toi, que signifie “She Knows” ?

Hanadi : Quand je lis ce titre, je pense surtout à tout ce que j’ai appris. Pour savoir, il faut multiplier les expériences et il faut se donner le temps. “She Knows”, ça reflète tout un parcours, beaucoup beaucoup de travail et une confiance en soi qu’on renforce le long du chemin. Now she knows.

Le programme FITTING d'ANCRÉ magazine, 2021

Aperçu de FITTING, un programme visant à mettre en lumière des petites marques à travers une série photos et vidéos – Crédit photo : @petecasta sur Instagram pour ANCRÉ