Streetwear Spotlight est une rubrique tenue par Alexandre, consultant mode et culture urbaine pour StockX. Dédiée à la découverte des marques constituant le riche panorama streetwear français, elle s’intéresse aujourd’hui à BLUEMARBLE, dont le style hybride affirmé puise son inspiration du voyage.
Tokyo, Athènes, Detroit, Glasgow… Les collections ont souvent des thèmes nébuleux, mais chez BLUEMARBLE, c’est on ne peut plus clair. Chacune d’entre elles est centrée sur un voyage, historiquement nommé par une ville mais aujourd’hui bien plus large. Sa destination choisie, la marque puise dans l’imagerie, les cultures, traditions et bien sûr vêtements qui y sont reliés pour restituer un vestiaire luxueux, hybride entre streetwear et tailoring, de ceux qui contribuent à rendre obsolète des constats aussi récurrents que laconiques dans le milieu de la mode, comme celui qui voudrait que mixer un jogging avec une chemise en soie est un « fashion faux pas ». Mieux, le jeune label nous donne envie de le sauter, ce pas. Parce qu’il nous montre que ça marche, et qu’au fond, c’est cool. Et parce qu’en plus, il y a dans ce mix souvent décrit contre-nature un naturel qui renvoie directement au message prôné par la marque. Un message positif, de célébration de notre unité dans nos diversités culturelles, qui fait plus que du bien en ces heures troubles.
BLUEMARBLE, entre streetwear et tailoring, motifs et couleurs. Collection Printemps/Été 2021.
De ONECULTURE à BLUEMARBLE, une histoire de valeurs
Ce message de BLUEMARBLE, il est insufflé par son fondateur Anthony Alvarez, et directement tiré de son histoire personnelle. Né aux États-Unis d’un père Philippin et d’une mère Française, le créateur a beaucoup bourlingué. « J’ai toujours eu des amis de différents horizons, avec différents backgrounds. De par ma famille, mes amis, le multi-culturalisme a toujours été important pour moi. Alors quand je me suis lancé dans la mode, je voulais refléter ces valeurs dans ma marque », nous explique-t-il. La mode est pourtant, à la base, loin de son cursus : Anthony a réalisé des études d’entrepreneuriat et s’est d’abord dirigé vers la finance. Mais la passion pour le vêtement, héritée de sa pratique des sports extrêmes, rendue plus concrète par une rencontre fortuite avec un patron de Quicksilver et la visite d’une usine de la griffe, finit par le consumer après un voyage aux Philippines.
ONECULTURE, collection « Detroit » Automne/Hiver 2019. Hommage aux années Motown
« Du jour au lendemain je lâche mon boulot dans la finance, dans lequel je ne m’épanouissais pas, et pars aux Philippines voir ma grand-mère, raconte-t-il. J’y ai passé quelques semaines, et ça m’a ouvert les yeux. J’ai rencontré beaucoup d’artistes, d’artisans et designers locaux, et leur passion en ce qu’ils faisaient m’a convaincu de suivre la mienne, et d’établir ce propos véhiculant des valeurs d’unité, de diversité ». De retour à Paris, il lance l’aventure avec quelques amis. Nous sommes en 2017, et cette aventure se nomme alors ONECULTURE. Si la philosophie est établie, et l’inspiration du voyage déjà élue pour venir l’incarner, Anthony troquera ce nom pour le plus évocateur BLUEMARBLE deux ans plus tard. « BLUEMARBLE, c’est le nom donné à la première photo qui a été prise de la terre dans son entièreté. Pour moi c’est un message super fort qui résume ce point de vue global, qu’on vit tous ensemble, reliés par les océans ». Et par le vêtement.
BLUEMARBLE Automne/Hiver 2020. Des imprimés chardon pour Glasgow, et le message, toujours
BLUEMARBLE, un style hybride aux multiples références
Tout comme son statement, le vestiaire BLUEMARBLE prend donc comme inspiration le voyage. Et là où son prédécesseur ONECULTURE se cantonnait à une ville, lui ne s’attache plus forcément à une seule et unique destination. « Ça peut être un voyage dans le temps, un voyage culturel, énumère Anthony, pour qui la traduction du thème d’une collection se fera de multiples manières. Ce voyage se ressentira dans les différents archétypes de vêtements, mais aussi le choix des matières et des imprimés ». Concrètement et pour prendre exemple sur l’actuelle collection hivernale inspirée par Glasgow, on retrouvera des vestes et jodhpurs évocateurs de la chasse ou tracksuits tirés des cultures foot et golf, toutes très prégnantes en Grande-Bretagne, des matières telles que la gabardine et le velours qui s’y sont historiquement développés, le fameux motif tartan et des imprimés articulés autour du chardon, emblème de l’Écosse. Les prints, produits ‘in house’, sont particulièrement récurrents dans les collections BLUEMARBLE, agissant à la fois comme les symboles d’une mode colorée que comme les gages d’une approche luxueuse, dans la mesure où ils s’apposent avant tout sur des ensembles en soie.
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Les matières premium sont en effet le reflet de l’ambition qualitative de la griffe, qui peut vanter, du reste, une fabrication entièrement européenne. « Nous poursuivons le but que nos vêtements durent, et pas seulement 2/3 saisons, plus longtemps encore », explicite Anthony. Entre ce prisme qualitatif et un style affirmé, « qui vient mixer streetwear et tailoring » ainsi que le synthétise le créateur, BLUEMARBLE a très rapidement fédéré une large clientèle, relativement éclectique, jusqu’à être adoubé par la Fédération de la Mode et de la Haute Couture en intégrant le calendrier de la Fashion Week parisienne. De quoi évoquer une évolution fulgurante, en quatre ans d’existence, à peine deux même, si l’on se réfère à son changement de nom ! « On a été surpris nous-mêmes de notre évolution rapide, savoure Anthony. Mais on est tellement contents des retours, c’est vraiment encourageant pour la suite, et ça nous motive à proposer des collections à chaque fois plus fortes ». Outre l’exposition de nouvelles garde-robes à la Fashion Week et la tenue de nombreux pop-ups, les futurs voyages de BLUEMARBLE l’amèneront aussi à poser ses valises ici, sur StockX. Un excursion haute en couleur, dont on vous parlera très bientôt.
