De Meryl à Burna Boy, en passant par Rema ou encore Wizkid, GINGER BOY est aujourd’hui un DJ de référence au sein de la sphère Afro. Et ce, grâce à une ville qui a forgé sa personne, ses ambitions et son parcours : Dakar ! GINGER BOY,
DJ Afrobeat de référence – Crédit photo : @swelly_x sur Instagram
En pleine saison estivale chargée de Summer Tours et de festivals, j’ai décidé de m’entretenir avec “l’Afrobeat Alchemist” afin d’en savoir plus sur son parcours musical, ses influences, son lien avec la Terre Mère et ses projets collaboratifs SSSOUND et La Base. Press play…
Herbby : Quel est ton premier souvenir de musique ?
GINGER BOY : C’est mon grand frère Youssef qui m’a mis dans la musique, précisément le Rap US de la West Coast : Dr. Dre, Warren G, Xzibit… À l’époque, il téléchargeait les sons et les albums sur LimeWire, il les mettaient dans un dossier puis sur son MP3 en mode clé USB ! (rires) J’écoutais ça à fond mais le premier album que j’ai acheté c’est The Black Album de JAY-Z en 2003, à Carrefour d’Athis-Mons. C’était incroyable !
On set avec GINGER BOY – Crédit photo : @swelly_x sur Instagram
H : Comment es-tu tombé dans l’Afrobeat ?
GB : Je suis franco-marocain et je prône l’unité au sein du continent africain. Je suis fier d’être français mais l’Afrique c’est toute ma vie, tout comme la musique. J’ai toujours aimé les musiques africaines mais le déclic est vraiment venu grâce au mix Africa Is The Future de Walshy Fire et Fully Focus. C’est une playlist avec tous les bangers de l’époque, que je joue encore aujourd’hui dans mes sets. D’ailleurs, Diplo de Major Lazer et DJ Snake sont mes plus grandes inspirations. Je me retrouve vraiment dans le travail de Diplo et le fait qu’il expérimente tous types de sons Afro comme la Dancehall, le Reggae etc. Du coup, j’ai tellement kiffé le mix que j’ai commencé à écouter différents styles de musique africaine puis mon premier voyage au Sénégal a confirmé mon intérêt pour le continent et sa scène musicale.
GINGER BOY, DJ Afrobeat de référence – Crédit photo : @swelly_x sur Instagram
H : Raconte-nous un peu tes débuts dans le DJing : le déclic, la manière dont tu t’es formé, tes inspirations, tes premières prestations…
GB : Tout part de Dakar et c’est vraiment une belle histoire. J’y suis allé seul avec mon bagage pour faire mon stage de Licence de 4 mois en 2015. Je connaissais personne sauf mon patron de la société d’investissement… Au bout d’un mois, j’en avais marre, c’’était dur d’être seul sur place même si le Sénégal est un pays magnifique. On m’a finalement mis en contact avec Papi, “le génie du pays”, et on s’est mis en colocation à 3 avec son cousin qui est beatmaker. Mon stage n’était pas rémunéré et son cousin savait que j’écoutais beaucoup de musique donc on allait en soirée chez des amis le week-end, je mettais les sons de mon téléphone et j’enjaillais tout le monde ! Un jour, il me dit : “Frérot, t’es bon dans la musique. Je suis beatmaker, je t’apprends à mixer et on voit ce que ça donne”. Sachant que mon meilleur pote Rakoto 3000 était déjà DJ donc je ne voulais pas du tout être DJ !
Finalement, il m’a appris à mixer, j’ai kiffé de ouf et on a organisé notre premier évènement avec notre plateforme Dakar Lives, à la Biennale. J’y ai mixé sans contrôleur mais avec le pad de mon ordinateur… Les gens se demandaient ce que je faisais… (rires) Après, j’ai eu mon premier booking officiel grâce à Papi qui a pu négocier un gros cachet pour la prestation. Je suis arrivé encore une fois avec mon ordi, sans contrôleur, le gars était égaré…
Le gros déclic est ensuite venu grâce à YARD. Rakoto 3000 mixait déjà à leurs évènements et un jour, je suis tombé sur Yoan Prat, un des fondateurs, dans un restaurant à Dakar. J’avais fait un set en mode Travis Scott mais les gens n’avaient pas kiffé parce que c’était un lieu où ils n’écoutent pas de Hip-Hop. J’ai sympathisé avec Yoan et il m’a dit : “Quand tu rentres à Paris, je te fais mixer au Wanderlust”. C’était en septembre 2016 et c’était hype de fou de mixer là-bas à cette époque. And the rest is history!
Air Jordan 1 Retro High OG “Hand Crafted” aux pieds de GINGER BOY – Crédit photo : @swelly_x sur Instagram
H : Aujourd’hui, tu fais partie des DJs Afrobeat de référence avec des sets assurés pour Burna Boy, Wizkid, Rema, Guy2Bezbar, Meryl et plus récemment, Les Flammes. Dans ta bio Instagram, tu te décris comme un “Afrobeat Alchemist”. Quelle est ta définition de cette expression ?
GB : Pour moi, un alchimiste est un scientifique qui explore et fait des mélanges pour créer une alchimie. En Afrique, il y a d’innombrables styles de musique : le ndombolo, la rumba, le coupé-décalé, l’afrobeat… Dans mes sets Afro, je fais en sorte de jouer de tout pour faire voyager les gens ! Je passe de 90 BPM à 130 puis 140, j’explore le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest du continent, en un seul set. Je mets en avant l’Afrobeat dans ma bio Instagram mais je n’oublie pas que je suis aussi dans les sons Caribéens. Je pense que dans ma carrière, les personnes qui m’ont donné le plus de force sont les Antillais. Aujourd’hui, l’Afrobeat est mon coeur de métier mais en vrai, je suis un DJ spécialisé dans les musiques afro-caribéennes.
On set avec GINGER BOY – Crédit photo : @swelly_x sur Instagram
H : Tu fais notamment partie du trio SSSOUND avec Rakoto 3000 et Hony Zuka. Comment est né le collectif ? À quelle(s) niveau(x) êtes-vous complémentaires en tant que DJ ?
GB : Rakoto 3000 et moi avons grandi ensemble à Juvisy et Hony Zuka était à Athis-Mons, à 10 minutes de la ville. On se connaît depuis tout petit et c’est ce qui fait qu’on est complémentaires, même hors de la musique. Avant d’être DJ, on était potes donc la base de notre relation est forte. Rakoto a commencé à mixer avec YARD en 2013, en tant que pionnier de la nouvelle génération. Hony était un excellent danseur et, globalement, c’est un grand créatif. Moi je suis rentré chez YARD en 2016 puis Hony en 2017. En toute honnêteté, on maitrise l’art du DJing et en 2017, Antoine de YARD a décidé de créer une sorte de résidence avec 4 DJ : tous les 3 et Andy 4000. Franchement, c’était incroyable pour nous et ça a insufflé une nouvelle dynamique.
On a vu que ça cartonnait et qu’on s’entendait vraiment bien donc on s’est dit qu’on lancerait notre propre soirée. Encore une fois, S/O à Antoine qui nous a aidé sur ce projet, notamment pour notre nom “SSSOUND” et c’est parti de là. Quand on performe, on est trop complémentaire : nos sets s’enchaînent comme il faut, on joue des styles de musique différents et sur un set de 5, 6 heures, c’est parfait !
On a aussi décidé de s’associer parce que Rakoto mixe pour OBOY qui est maintenant une superstar avec des disques d’or et de platine, Hony mixait pour Rémy et maintenant Tiakola. Moi, j’ai commencé avec Abou Tall puis Meryl, et plus récemment, Guy2Bezbar. Du coup, cette association est trop puissante. On mixe pour 3 gros artistes du Hip-Hop français donc on était obligé de faire grandir la marque et grâce à ce move, “on a pop” !
Air Jordan 5 Retro “Laney” à mes pieds – Crédit photo : @swelly_x sur Instagram
H : Tu es également fondateur de La Base, à Dakar. Peux-tu nous présenter le concept ?
GB : Le Sénégal m’a vraiment donné une seconde vie à tous les niveaux, suite à mon stage de 2015. Papi, Tha Fellaz et King Mouss m’ont formé dans tout et surtout, ils m’ont tout donné. J’ai commencé à mixer à Dakar, toutes les connexions que j’ai pu avoir à Paris et à l’étranger sont liées à mon expérience sur place. Pour résumer : le Sénégal c’est la base !
Il n’y a pas beaucoup de soirées pour les nouvelles générations là-bas et vu que j’ai réussi à faire mon petit bout de chemin depuis mon stage, il fallait que je redonne quelque chose au Sénégal. King Mouss est “le prince de Dakar”, il connaît tout le monde et il est super fort dans la musique. Tha Fellaz est un beatmaker du Mali qui fait partie de cette grande famille. Du coup, comme SSSOUND, on s’est dit : on est des frères, on s’entend super bien, on est bon dans la musique, on a tout vécu au Sénégal donc autant s’associer. On s’est lancé, on a fait une première soirée dans un resto à Dakar qui s’appelle Le Carré et ça a cartonné ! On attendait 50 personnes et au final, on était 250. On a enchaîné et on a quasiment atteint la barre des 900 personnes en un an.
Maintenant, on a La Base, une branche qui s’appelle The Bashment by King Mouss et le projet global est devenu une référence là-bas. C’est un peu le miroir de SSSOUND au Sénégal.
GINGER BOY, DJ Afrobeat de référence – Crédit photo : @swelly_x sur Instagram
H : Parmi tous tes projets, les soirées, les concerts et autres festivités auxquels tu as participé, quel est celui dont tu es le plus fier à date ? Pourquoi ?
GB : De base, ma plus grande inspiration était Burna Boy puis le génie Rema est arrivé… Il a ramené un vent tellement frais dans le game. Quand j’ai écouté Dumebi, j’ai pété un câble ! Sachant qu’il n’avait que 19 ans quand le son est sorti. Il enchaîne les hits, il essaie toujours d’innover. Aujourd’hui, il a 23 ans, j’en ai 29 et c’est devenu ma plus grande inspiration. Donc pour moi, ma plus grande réussite est d’avoir été DJ pour Rema. C’est une consécration que je n’aurais jamais pu imaginer de toute ma vie !
On set avec GINGER BOY – Crédit photo : @swelly_x sur Instagram
H : Que peut-on attendre de GINGER BOY dans les mois à venir ?
GB : Déjà, mon objectif est de faire grossir mon identité et la marque GINGER BOY à travers la musique mais aussi l’art, le fooding, du merch etc. Ensuite, idem pour SSSOUND avec mes frères Rakoto 3000 et Hony Zuka.
Et de manière personnelle, sur le long terme, j’aimerais qu’on se souvienne de moi dans le monde de l’Afrobeat. C’est bien parti pour parce que, en quelques mois, j’ai enchaîné avec la première partie de Burna Boy, la soirée privée de Rema, puis la première partie de Wizkid, la première partie de la tournée de Rema, ensuite Ruger et Ckay ! Tout ça, après avoir rencontré la sœur de Burna Boy à Dakar… Donc l’objectif de ces prochains mois est de suivre et de rester au cœur de la scène Afrobeat.
GINGER BOY, DJ Afrobeat de référence – Crédit photo : @swelly_x sur Instagra