Panagon

December 15, 2021

Pour La Culture : Interview avec les fondateurs de Panagōn

“Avant d’être des prestataires, nous sommes des entrepreneurs”. Telle est la dynamique de Bakary Sakho et Paul Odo, fondateurs de la plateforme de création, production, diffusion et partage, PANAGŌN. Ces 2 couteaux suisses du 19ème arrondissement de Paris, accompagnés de leur Associé et Creative Director Tcho, ont à coeur de développer des projets, produire des événements et créer du contenu afin de valoriser la Culture, le Sport, le Savoir et la Société. Le tout, dans une dynamique urbaine, jeune et Afro centrée, avec un objectif commun : la transmission d’un Héritage.

Bakary Sakho et Paul Odo, Fondateurs de la plateforme PANAGŌN – Crédit photo : @the_saga_continuzes sur Instagram

Place à mon entretien avec les têtes pensantes de cette structure entrepreneuriale engagée, inspirante et prometteuse !

Herbby : Salut Les Gars. J’espère que vous allez bien. Félicitations pour l’ensemble de vos accomplissements, notamment les projets de qualité menés via votre plateforme PANAGŌN. Avant d’en dire plus sur vos activités, pouvez-vous vous présenter ?

PANAGŌN : Bakary Sakho, 40 ans, habitant du 19ème depuis 40 ans et en dehors de mes activités professionnelles, j’ai à coeur de réaliser de l’activation sociale. Paul Odo, 40 ans, habitant du 19ème depuis 40 ans, Parisien, “consultant”, “storyteller”… Sachant qu’aujourd’hui, ces 2 derniers termes sont totalement galvaudés. Au final, je dirai qu’on est juste des entrepreneurs.

H : Vous êtes reconnus pour vos initiatives sportives, culturelles et solidaires en faveur du développement du Grand Paris. Quand a débuté votre engagement ? Quel a été le déclic ?

Bakary : J’ai commencé assez tôt, par nécessité. À 16 ans, j’accompagne les mères de famille du quartier qui galèrent pour avoir un logement salubre. À 20 ans, suite au décès d’un pote, je décide de donner plus de sens à ma vie, de manière collective, en pensant  à l’héritage qu’on doit laisser après notre passage sur Terre. Du coup, en 2000, je propose à mes potes de monter un collectif à Riquet, dans notre quartier, pour valoriser les communautés Africaines et Afro Caribéennes de manière structurée et porter des messages tels que : nous sommes des Hommes, nous sommes fiers, nous sommes beaux, nous sommes Black Panther, nous sommes Malcolm X, nous sommes Aimé Césaire, nous sommes la philosophie de Frantz Fanon… Et avec Paul, la connexion s’est faîte naturellement. Il soutenait le mouvement, il venait à nos conférences etc. J’ai très vite vu qu’on avait des points communs forts dont notre Amour du 19ème arrondissement, notre lien avec la culture basket et la convergence de notre philosophie du militantisme par des actions culturelles : le sport, l’art, la musique…

En 2010, une nouvelle aventure commence autour de la jeunesse, de la culture, du sport avec du story-telling fort et un modèle économique social. On a débuté avec un statut associatif qui était le plus cohérent juridiquement pour mettre en place nos initiatives. L’évolution de cette histoire passe par le statut d’entrepreneurs parce qu’on capitalise sur des évènements qu’on a pensé et mis en place, sur lesquels le modèle économique est viable. D’où la création de notre plateforme.

Dernière précision qui n’est pas une critique : on ne fait pas ce que font les associations traditionnelles. On ne court pas après les subventions, on ne demande pas de subventions pour se salarier et faire de “l’animation de quartier”. On est parti du principe qu’il y des trucs lourds qui se passent à Paname mais ils ne transpirent pas ce que nous sommes soit l’ADN quartier, l’ADN Afro et l’ADN jeune.

Photo d’archives des All Parisian Games 2019 – Crédit photo : @unitedballers sur Instagram

H : Les All Parisian Games font partie de vos projets phares. Racontez-nous l’histoire de ce tournoi de basketball annuel à destination de la jeunesse parisienne.

PANAGŌN : Les All Parisian Games sont nés d’un constat : depuis la fin des tournois de basket parisiens comme le Nike Camp et le adidas Streetball, il n’y avait plus d’évènements de ce type, en dehors du Quai 54. On a donc décidé de mettre en place un tournoi avec un story-telling pertinent et une forte identité visuelle, à destination des jeunes amateurs et futurs pro, licenciés ou pas licenciés, pour les garçons et les filles. Les premières réflexions tournaient autour du concept d’All-Star Game Junior, en référence à la culture sportive des États-Unis qui valorise les athlètes et leur parcours en High School, College, University, avec des photos, des interviews, des articles etc. En France, il n’y a rien du tout sur tous les jeunes Junior garçons et filles qui ne finissent pas pro ! On s’est dit que c’était un bon point de départ pour raconter une histoire et on y a ajouté les bons mots, “All Parisian Games” et pas “All-Star Game”, et les beaux mots : inspirer, réunir, célébrer, héritage… Chaque année, on essaie de prouver que le projet n’est pas dédié uniquement à la pratique du basket mais qu’il s’agit d’un évènement culturel.

Salimata Sylla à l’inauguration du playground Ladoumègue rénové par PANAGŌN – Crédit photo : @the_saga_continuzes sur Instagram

Quand Salimata Sylla est joueuse et qu’elle n’est plus Junior, elle devient sélectionneuse, coach et aujourd’hui, elle est membre active du développement des All Parisian Games : Héritage.

H : Aujourd’hui, vous êtes à la tête de la plateforme PANAGŌN. Quel est le concept ?

PANAGŌN : Plateforme est le bon terme. On propose du conseil, de la production évènementielle, de la création de contenu, de l’éditorial, de la direction artistique, de la rénovation de terrains de sport… Avec notre Associé et Creative Director Tcho, qui vient du milieu du Rap, l’idée était de fusionner et mettre à disposition toutes nos compétences, notre expertise et nos valeurs, pour PANAGŌN.

Logo Panagōn

H : Quelle est votre vision pour PANAGŌN ?

PANAGŌN : Notre vision reprend la notion de plateforme qui, pour nous, englobe des projets plus larges qu’une agence “classique”. L’idée n’était pas de se positionner comme une agence parisienne de plus, sans valeur ajoutée. On sélectionne des projets qui ont du sens et qui sont en accord avec nos valeurs, tout en adaptant notre offre à la demande des diverses marques, entités et personnalités qu’on accompagne.

H : Pouvez-vous développer sur l’importance de vos domaines de prédilection que sont la Culture, le Sport, le Savoir et la Société ?

PANAGŌN : Comme on disait au début, on est des entrepreneurs avant d’être des prestataires donc la valorisation de la Culture, du Sport, du Savoir et de la Société part d’une volonté. Ça vient de nos racines africaines, afro caribéennes et asiatiques, nos influences respectives et collectives, notre environnement de “banlieusards dans Paris Intra-muros” comme Bakary aime si bien le dire ! Quand tu regardes notre quartier du 19ème, on a les avantages et les inconvénients des banlieusards et des Parisiens. Géographiquement parlant, on est à la même distance du “terrain vague de La Chapelle” de NTM qui est le lieu de naissance du Hip-Hop en France, que du 93, de la Cité des Sciences de La Villette, de la Philharmonie de Paris, des Jardins d’Éole… On est des enfants de ce qu’on appelle aujourd’hui “For The Culture”. On a grandi avec tout ça donc on a toujours été impliqué dans ces univers de manière personnelle, puis associative et aujourd’hui, à travers notre plateforme PANAGŌN.

Terrain IMPULSTAR à Argenteuil réalisé par PANAGŌN – Crédit photo : @the_saga_continuzes sur Instagram

H : Pouvez-vous nous parler de vos derniers projets à date ? Je pense notamment à vos collaborations avec Jordan Brand, les campagnes réalisées pour Basket4Ballers ou encore la création du terrain de foot pour IMPULSTAR.

PANAGŌN : L’énergie All Parisian Games, la mise en avant du basket parisien et des jeunes talents masculins et féminins, ont un véritable impact auprès des marques. D’où les collaborations avec Jordan Brand, la campagne pour la collection Why Not de Russell Westbrook, la campagne We Are Gen Z avec Basket4Ballers pour la collection de Zion Williamson, nos partenariats avec Nike ou encore la FFBB… On est fortement lié à l’écosystème basketball de la capitale mais on est avant tout connecté à la culture dans son ensemble. C’est pourquoi ça nous tenait à coeur de produire le court-métrage Hors d’Oeuvres de Karlito de la Mafia K’1 Fry, de rénover des terrains comme le All Parisian Playground, Stalingrad, Ladoumègue et celui du premier tournoi IMPULSTAR 100% féminin, d’éditer des bouquins via notre maison d’éditions indépendante Faces Cachées

Pour Stalingrad, par exemple, en plus d’avoir rénové le terrain, on s’est positionné comme producteurs d’évènement et on y a organisé une Block Party dans le cadre de la Saison Africa 2020, avec notamment Didi B, un des plus gros artistes de la Côte d’Ivoire ! C’est important pour nous d’avoir une vision globale, internationale, notamment à destination de l’Afrique et des Antilles.

Bakary Sakho et Paul Odo devant la PANAGŌN mobile – Crédit photo : @the_saga_continuzes sur Instagram

H : Si vous deviez vous définir à travers un duo connu, qui seriez-vous ? Pourquoi ?

PANAGŌN : Elle est bien mais compliquée ta question… La première chose qui nous vient en tête est le film Pulp Fiction : John Travolta et Samuel L. Jackson ! (rires) Pourquoi ? Parce qu’ils ne calculent rien ni personne et ils font ce qu’ils ont à faire. On retrouve cette volonté de réussir ensemble, de la confiance mutuelle, de la fraternité, de la bienveillance et de la reconnaissance dans ce que l’autre apporte.

H : Que peut-on attendre de PANAGŌN dans les mois voire années à venir, avec l’arrivée des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ?

PANAGŌN : Notre objectif est d’être la plateforme la plus influente qui parle à la jeunesse, aux communautés Africaines, Asiatiques et Afro Caribéennes, qui fait pour la Culture et qui perpétue un Héritage.

Premier évènement NBA Cares en France organisé par PANAGŌN – Crédit photo : @the_saga_continuzes sur Instagram