Herbby : Comment est né ton amour pour la photographie ?
Nybe : J’ai toujours aimé les visuels. Je suis un fan de musique donc les covers, magazines et surtout les clips, lorsqu’ils contiennent des images fortes, m’ont toujours inspiré. L’image m’apaise. C’est lors de l’exposition “Perspective Playground par Olympus” au Palais de Tokyo, où on avait libre accès à des appareils photo, que j’ai décidé qu’il m’en fallait un.
H : Te souviens-tu de ton premier cliché ?
N : Oui, c’était le portrait d’une amie sur le toit de la fac.
H : Qui étaient tes références quand tu t’es lancé ? Ont-elles changé depuis ?
N : Mes références en matière de photographie sont Gordon Parks, Malick Sidibé, Seydou Keïta, Jamel Shabazz, Chi Modu, Jonathan Mannion et Jeremy Snell. Elles n’ont pas changé depuis mais quelques photographes se sont ajoutés à ma liste.
H : Quand as-tu décidé de te professionnaliser en tant que photographe indépendant ? Quel a été le déclic ?
N : J’ai décidé de me professionnaliser en tant que photographe indépendant lorsqu’on m’a proposé des jobs en freelance. Le déclic s’est produit une fois avoir trouvé ma signature visuelle. Avant ça, j’ai eu la chance de mûrir en testant différents types de photographie et en faisant du community management pour des potes qui ont des commerces.
H : Tes clichés mettent principalement en valeur des personnes et des paysages, d’ici et d’ailleurs. Qu’est-ce qui t’inspire dans ces 2 éléments ?
N : Ma ligne artistique est basée sur les cultures africaines et des afro-descendants. Les relations humaines sont donc très importantes pour moi car c’est par l’échange et le partage que je peux faire mon storytelling. Lorsque je réalise un portrait, j’essaie de marquer au mieux l’émotion vécue sur le moment. Pour les photos de paysage, elles illustrent l’atmosphère et l’ambiance du lieu où je me trouve.
H : Ton compte Instagram nous fait découvrir tes expériences de vie à Paris, New York, Marrakech, Montreal, Los Angeles, Bamako… Quelle importance accordes-tu au voyage ?
N : Le voyage pour moi c’est découvrir de nouvelles cultures, des modes de vie et de pensée différents. Voyager permet d’avoir une ouverture d’esprit, tu vois du bon et du mauvais, ça donne des nouvelles idées. J’ai toujours aimé apprendre et je pense que voyager facilite l’apprentissage. Il est important pour moi de changer d’environnement. Au sein même d’une ville, tu peux voyager. Si tu quittes le 16ème pour aller dans le 18ème, tu voyages, tu découvres des choses.
H : En 2018, tu as shooté à Capotillo, en République Dominicaine, qui est un des quartiers les plus violents du pays. Raconte-nous un peu cette expérience.
N : J’appréhendais ce voyage car il y avait eu une guerre de gangs peu de temps avant mon séjour mais une fois sur place, c’était comme si j’y avais vécu. J’ai très rapidement familiarisé avec les locaux. Toutefois, ce n’était jamais sans risque car il y avait un danger de représailles des gangs adverses et des policiers corrompus.
H : Depuis presque un an maintenant, on peut suivre ton périple à Bamako, au Mali. Que représente cette ville pour toi ?
N : Bamako, c’est ma deuxième maison ! J’ai une très forte attache car mes parents et mes amis y vivent. Récemment, une amie m’a dit “J’ai fait beaucoup de villes en Afrique mais Bamako est la ville qui me fait vraiment sentir que je suis en Afrique”. J’interprète cette citation par le fait que Bamako garde son traditionalisme africain. La ville représente l’authenticité du Mandé.
H : J’ai particulièrement accroché à ta série “Afro Hair” qui met en lumière les coupes de cheveux de jeunes filles afro-descendantes au Mali. Comment as-tu pensé et développé cette série ?
N : Pour moi, la représentation est très importante car elle permet de s’identifier et de retrouver ses origines. J’ai réalisé cette série photo pour lutter contre la discrimination faite aux cheveux afro et, par la même occasion, redonner de la fierté aux cheveux afro.
H : J’apprécie également les paires que tu portes sur tes photos et on en parle régulièrement depuis qu’on se connaît ! Quel est ton Top 3 sneakers spécial Bamako pour : une ride en katakatani / le prochain festival culturel Ogobagna / ta première expo photo sur place ?
N : Pour la ride en katakatani, je mettrais la Yeezy Slide Core parce qu’elle est grave solide et confortable. Ici c’est le Sahel donc t’es obligé de te déplacer en sandales avec le sable. Pour le prochain festival Ogobagna, j’opterais pour la Yeezy Foam Runner qui me rappelle une paire qu’on utilise ici pour jouer au foot. Au Mali, on l’appelle “Bakary n’a pas peur de l’eau”, aux Antilles on l’appelle “la Mika” et au Cameroun “la Tchaka” ! Pour ma première expo sur place, je placerais la AJ1 Mid SE “Fearless” x Maison Château Rouge car c’est la plus représentative de l’Afrique. Ses couleurs pastels me font penser aux murs des maisons de Bamako.
H : En tant que fan de musique et de visuels, quel est ton Top 3 clips ? Pourquoi ?
Element de Kendrick Lamar pour les images fortes inspirées par Gordon Parks. How’s It Goin’ Down de DMX pour les angles et la cinématographie de Hype Williams. Got Til It’s Gone de Janet Jackson pour la représentation de l’Apartheid et le clin d’oeil à l’univers artistique des photographes Seydou Keïta et Malick Sidibé.
H : Que peut-on attendre de toi dans les mois à venir ?
N : De nouvelles séries photos et qui sait, une exposition prochaine…