September 12, 2022

Pour La Culture : Interview avec le fondateur de French Deal

À la croisée de l’Afrique, du Hip-Hop et de la Mode, la Maison French Deal propose “des pièces originales et authentiques”, pour hommes et femmes, depuis 10 ans. “Ici, tout est une histoire de racines” et le parcours de son fondateur et directeur de création, Steeven Kodjia, en est la preuve.

Steeven Kodjia, Fondateur de la Maison French Deal – Crédit photo : @stevehappi_ sur Instagram

De ses débuts dans le Hip-Hop à la genèse de French Deal, en passant par ses influences cosmopolites et son amour profond pour l’Afrique, l’autodidacte qui se cache derrière la marque menswear nous raconte son histoire teintée de passion, de couleurs, de persévérance et d’engagement !

Herbby : Quel est ton premier souvenir de Hip-Hop ?

Steeven Kodjia : Le film Break Street 84 et ensuite, l’émission de télé H.I.P. H.O.P. de Sidney.  Dans Break Street 84, les danseurs Ozone et Turbo m’ont mis une claque ! C’est vraiment ce film qui m’a ouvert la porte du Hip-Hop.

H : À quels niveaux cette Culture multidisciplinaire t’a aidé dans ton parcours ?

SK : J’ai embrassé l’ensemble des éléments de la Culture Hip-Hop très tôt et ça m’a apporté énormément sur les plans personnel, artistique et émotionnel. Après, j’ai choisi l’art de la danse qui est, selon moi, un des arts les plus complets en termes d’expression corporelle. Les vibrations que tu peux ressentir quand tu danses, c’est incroyable.

 

H : Comment est née la Maison French Deal ?

SK : Le projet est parti d’un pur street business à l’époque de l’émergence des marques Hip-Hop : Sean John, Rocawear etc. Je partais acheter les produits chez des grossistes basés à New York et je les vendais en France. De fil en aiguille, je me suis pris de passion pour ce business. Ça a aiguisé mon oeil et tout ce que j’ai découvert dans la rue en France et à New York m’a fait rêver et m’a poussé à voir plus grand. Du coup, j’ai décidé d’apporter ma pierre à l’édifice en créant ma propre marque. Le nom French Deal fait d’ailleurs référence à mon parcours : les grossistes aux US m’appelaient “Frenchie” et en France, je ne dealais pas de la drogue mais je dealais du style.

On set avec Steeven Kodjia, Fondateur de la Maison French Deal – Crédit photo : @stevehappi_ sur Instagram

H : Peux-tu nous parler des 3 cultures mises en lumière à travers cette marque de menswear ?

SK : La base est la culture africaine, ses traditions, son patrimoine et son savoir-faire. Ensuite, il y a la branche Hip-Hop qui a été développée par la diaspora africaine sur les terres américaines. Et on termine avec la culture de la mode et du luxe, pour l’élégance et le savoir-faire à la française.

 

 

H : Peux-tu nous présenter l’offre de French Deal ?

SK : La Maison propose des vêtements et accessoires pour hommes et femmes mais ça va plus loin que ça. French Deal est un état d’esprit, un engagement et surtout, c’est un partage de culture africaine à travers les yeux d’un enfant de la diaspora qui est né et a grandi hors de son environnement naturel et qui s’est servi de toutes ses influences pour concevoir sa marque.

On set avec Steeven Kodjia, Fondateur de la Maison French Deal – Crédit photo : @stevehappi_ sur Instagram

H : J’apprécie fortement la direction artistique de vos campagnes qui valorisent l’héritage africain du label de manière authentique et engagée. Parle-nous un peu du process de création de vos collections et de vos Fashion Films.

SK : Le process varie d’une collection à l’autre. Pour la collection précédente, Volume 4, je me suis inspiré d’un tissu traditionnel de Côte d’Ivoire pour développer tout le storytelling qui est lié à mon peuple du côté maternel, le peuple Baoulé. La collection suivante, The Power Is Yours., est née suite à l’assassinat de George Floyd. Le concept est parti d’un béret en référence au Black Panther Party for Self Defense qui s’était approprié cet accessoire à l’époque. J’ai également souhaité rendre hommage à un leader du continent africain, à savoir Kwame Nkrumah, premier président du Ghana en tant que pays indépendant.

Au niveau de nos campagnes, depuis le début, je travaille avec le photographe, réalisateur et vidéaste Urivaldo Lopes. On partage une passion commune pour l’Afrique. Je lui expose la vision de mes collections et ce que j’ai envie de raconter puis on échange, on brode  et on construit ensemble !

Davido portant une tenue Baoulé conçue par French Deal, en cover du magazine Slimi via @frenchdealofficial sur Instagram

H : Pour rester sur vos campagnes, French Deal a été primé “Best Fashion 2019” grâce à votre Fashion Film Volume 4 – L’odyssée du Peuple Ba-Wouli et votre dernière production The Power Is Yours. a remporté deux prix lors de la cérémonie de l’International Fashion Film Festival de La Jolla, dans les catégories « Best Cast Ensemble » et « Best Editing » ! Les 2 contenus ont été réalisés en Afrique, précisément au Ghana et en Côte d’Ivoire. Comment ces initiatives sont accueillies sur place ? As-tu une anecdote marquante à partager sur ces expériences.

SK : L’accueil est vraiment positif, les collaborations avec les boîtes de production sur place se passent bien et on ressent un véritable sentiment de fierté de la part des protagonistes locaux une fois qu’ils voient le résultat final. Vu qu’on a pas grandi là-bas, on leur apporte une vision nouvelle de ce qu’ils connaissent déjà et je pense qu’ils sont fiers de la manière dont on promeut l’Afrique à travers nos contenus. Sachant qu’Urivaldo Lopes et moi opérons avec amour et profondeur, dans le but de montrer une image authentique et positive du continent.

Pour l’anecdote, quand j’ai sollicité ma mère pour faire la voix off du film Volume 4 – L’odyssée du Peuple Ba-Wouli, elle hésitait, elle ne voulait pas enregistrer en studio. Au final, elle a accepté, on est allé en studio à Abidjan, elle a commencé, elle s’est mise dedans et au bout de la troisième prise, elle a commencé à jouer les chanteuses ! (rires) Elle balançait des : “C’est bon, c’est dans la boîte ! Ajoute ci, modifie ça…” C’était super marrant.

Steeven Kodjia, Fondateur de la Maison French Deal – Crédit photo : @stevehappi_ sur Instagram

H : Un autre élément marquant du label est la mise en avant des icônes noires comme Malcolm X,  Patrice Lumumba, Muhammad Ali et plus récemment, Kwame Nkrumah et le Black Panther Party for Self Defense. Pourquoi est-ce important pour vous de partager leur histoire à travers French Deal ?

SK : En tant qu’artiste, on a ce pouvoir d’exprimer des choses à travers notre art et on m’a toujours dit : pour savoir où tu vas, il faut savoir d’où tu viens. Mon parcours professionnel et ma marque m’ont toujours fait me questionner sur le pourquoi du comment et je pense qu’il est important de se plonger dans son histoire pour pouvoir se développer d’un point de vue personnel. Du coup, si je parle d’Afrique et de Culture Noire dans ce que je fais, je suis obligé de partager l’histoire de ces leaders et de leur rendre hommage car c’est à nous de raconter notre Histoire.

H : Quelle est ta vision pour French Deal ?

SK : Ma vision est de faire retentir l’engagement et les messages véhiculés à travers la Maison French Deal auprès de la diaspora africaine et au delà.

Photo symbolique de la campagne The Power Is Yours. inspirée du Black Panther Party via @frenchdealofficial sur Instagram

H : Que peut-on attendre de French Deal dans les mois à venir ?

SK : Une nouvelle collection, notre participation à l’International Fashion Film Festival de la Jolla fin juillet aux US et cette année, on fête nos 10 ans donc il y aura pas mal de surprises qui arriveront dans les mois à venir…

Journal THE POWER de la Maison French Deal, sur la collection The Power Is Yours. – Crédit photo : @stevehappi_ sur Instagram