Editorial - July 12, 2022

Pour La Culture : l'exposition "Hip-Hop 360, gloire à l'art de rue"

Si tu n’as pas encore eu l’occasion de visiter l’exposition HIP-HOP 360, Gloire à l’art de rue à la Philharmonie de Paris, il est grand temps de le faire ! François Gautret, Commissaire de l’expo, y présente une pléiade d’archives rares et intemporelles, issues de collections des acteurs et actrices du mouvement, des 80s à nos jours… Le tout, sous une direction artistique polyvalente à l’image de la dimension multidisciplinaire du Hip-Hop, soit à 360 degrés.

Bienvenue à l’exposition HIP-HOP 360, Gloire à l’art de rue à la Philharmonie de Paris – Crédit photo : @cmichalet sur Instagram

Découvre l’expo HIP-HOP 360 à travers cet entretien exclusif avec François Gautret, en direct de la Philharmonie de Paris !

Herbby : Quel est ton 1er souvenir de Hip-Hop ?

François Gautret : Waouh… Alors je dirais les tags dans l’ascenseur de l’immeuble où j’ai grandi. J’habitais entre Stalingrad et Riquet, et quand je descendais, mon premier rapport au Hip-Hop était mon ascenseur recouvert de tags ! J’ai eu la chance de grandir dans un quartier où le Hip-Hop est important : DJ Abdel était mon voisin, dans la rue de derrière il y avait Jhonygo, un des premiers rappeurs en France, dans la tour d’à côté, c’était DJ Dee Nasty, sans oublier le terrain vague de La Chapelle, la boutique Ticaret, un peu plus haut la Salle Paco Rabanne… J’ai vraiment évolué dans cet univers et ensuite, mon premier contact avec le Hip-Hop fût la danse. Je breakais devant ma tour et à l’école. J’avais un prof d’EPS qui prévoyait 1 heure d’expression libre à chaque pause déjeuner et on dansait dans le réfectoire sur une bande son de freestyles !

On set avec François Gautret, Commissaire de l’exposition HIP-HOP 360, Gloire à l’art de rue à la Philharmonie de Paris – Crédit photo : @cmichalet sur Instagram

H : Comment est née l’idée de l’expo HIP-HOP 360 ?

FG : L’expo HIP-HOP 360 est une espèce de suite logique qui découle des archives que je cumule depuis un certain temps, notamment à travers l’Urban Films Festival. L’idée principale était de présenter des contenus. La Philharmonie de Paris m’a contacté sur Facebook pour me proposer de raconter le Hip-Hop en France soit 40 ans de cette Culture à l’échelle nationale, de manière pluridisciplinaire. D’où la notion de “360” qui englobe la danse, le DJing, le graffiti, le beatboxing et le rap, mais aussi la mode, les street photographers, les réalisateurs… C’est un tout qui s’est imposé à tous les niveaux de la société et qui est devenu universel.

Vinyls de la collection personnelle de DJ Dee Nasty présentés à l’exposition HIP-HOP 360, Gloire à l’art de rue à la Philharmonie de Paris – Crédit photo : @cmichalet sur Instagram

H : À quels niveaux l’exposition est-elle à l’image du sous-titre “Gloire à l’Art de Rue” ?

FG : Tout comme cette phase extraite du son Art de Rue de la Fonky Family, l’expo rend hommage à la Culture Hip-Hop et à l’ensemble de ses disciplines. La scénographie conçue par l’Agence Clémence Farrell a un aspect feutré, élégant, avec des éléments qui représentent la rue comme la tôle ondulée des boutiques, qui est le fil conducteur. De nombreux artistes ont pris part à la direction artistique de l’expo et/ou assurent des interventions dont JonOne, Mode 2, Grems… et ce, depuis le début de l’expo, jusqu’au dernier jour prévu le 24 juillet 2022. On a régulièrement des temps de programmation : des battles dans le 360, des showcases, des concerts, des actions “hors les murs” à l’échelle nationale, associées à des maisons de jeunesse et des structures sociales. C’est tout un travail de fond à l’image de cette Culture et ses protagonistes.

On set avec François Gautret, Commissaire de l’exposition HIP-HOP 360, Gloire à l’art de rue à la Philharmonie de Paris, devant la fresque inédite de Mode 2 – Crédit photo : @cmichalet sur Instagram

H : J’ai été agréablement surpris en découvrant les clichés magnifiques des photographes Sophie Bramly et Maï Lucas qui ont documenté la genèse de la scène Hip-Hop parisienne dans les 80s. Peux-tu nous parler de l’importance de ces femmes dans le mouvement ?

FG : Avec Sophie Bramly et Maï Lucas, on a profité du confinement pour travailler de manière pointilleuse sur des contenus inédits qui n’étaient jamais sortis. Elles ont pris le temps de puiser dans leurs archives et ont retrouvé des planches contact qu’elles avaient oublié. Elles ont ressorti tellement de contenus qu’elles ont sorti un livre chacune : YO! pour Sophie et Hip-Hop Diary of a Fly Girl pour Maï !

Elles ont été témoins de la genèse du mouvement aux US puis en France et ce qui est fort est que tous ces clichés rares leur appartiennent. On me demande souvent par quels musées je suis passé pour obtenir tous ces contenus et je réponds que la majorité de l’expo a été faîte grâce à des archives personnelles des acteurs et actrices du mouvement.

Finalement, c’est un vrai travail de confiance de pouvoir réunir toutes ces personnalités pour cette exposition.

Le fameux métro parisien présenté à l’exposition HIP-HOP 360, Gloire à l’art de rue à la Philharmonie de Paris – Crédit photo : @cmichalet sur Instagram

H : Un autre élément fort de l’expo est la valorisation des DJs et de leur matériel, avec des références comme Dee Nasty, DJ Chabin, DJ Cut Killer ou encore DJ Mehdi. Peux-tu nous parler de l’héritage de ces figures emblématiques du Hip-Hop ?

FG : Dans le 360, j’ai confié la direction artistique à Dee Nasty et Cut Killer pour développer un concept autour de 3 périodes phares : la Old School, la Middle School et la New School. 19 DJs sont venus sur place pour enregistrer des performances capsules en multi-cam, avec notamment des pionniers, le Double H Crew et des DJs de compétition qui ont remporté les DMC World DJ Championships dont DJ Netik ou encore DJ Fly ! Sachant que les français sont bien placés dans le monde des DJs.

On set avec François Gautret, Commissaire de l’exposition HIP-HOP 360, Gloire à l’art de rue à la Philharmonie de Paris, devant la fresque inédite de Mode 2 – Crédit photo : @cmichalet sur Instagram

H : Sans trop spoiler pour celles et ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion de visiter l’expo, peux-tu nous décrire le concept du 360 ?

FG : Le 360 a été pensé et conçu pour découvrir les archives de manière inédite et vivre une véritable expérience. Étant à la Philharmonie de Paris, le fil rouge reste la musique mais le but était de la diffuser avec originalité. D’où la projection de vidéos de concerts à 360 degrés, le son spatialisé et la sensation de vivre les contenus diffusés en live.

H : Comment décrirais-tu l’expo en un mot ? Pourquoi ?

FG : En un mot, c’est compliqué… Je dirais 360 parce que l’expo rayonne à tous les niveaux et on le voit d’autant plus avec les visiteurs et la couverture médiatique : il y a des jeunes, des personnes plus âgées, les médias de masse en parlent ainsi que la presse spécialisée dans la musique, la mode, l’art ou encore le tourisme ! Elle couvre tout.

Direction la Philharmonie de Paris pour l’exposition HIP-HOP 360, Gloire à l’art de rue – Crédit photo : @cmichalet sur Instagram

HIP-HOP 360, Gloire à l’art de rue

Philharmonie de Paris

Du 17 décembre 2021 au 24 juillet 2022