She Knows : Aurélia Durand, artiste pro-diversité

Depuis 2017, Aurélia Durand égaye la toile avec ses illustrations, animations et peintures pro-diversité, en guise d’ode aux Afro-descendants. Son art reflète sa personnalité colorée, dynamique et engagée, ce qui lui a permis (et lui permet) de collaborer avec des entités de renommée telles que Apple, Nike, Adobe, The New York Times ou encore Warner Music.

Après de nombreux voyages enrichissants, des projets passionnants et d’illustres rencontres, Aurélia a accepté de me recevoir dans son studio parisien, pour un entretien riche en couleurs et en inspiration !

Herbby : Comment est né ton amour pour les arts visuels ?

Aurélia : J’ai grandi dans les 90s et toute la pop culture de l’époque, notamment l’univers Disney, m’a toujours influencée : les couleurs vives, les voix… Le fait d’avoir vécu à l’Île de la Réunion de 7 à 12 ans m’a également inspirée. Le cadre était très coloré et multiculturel, il y avait une certaine joie de vivre avec beaucoup de musiques Africaines et Afro Caribéennes. Tous ces éléments sont restés en moi.

H : Par quel médium as-tu débuté ton aventure artistique ? Te souviens-tu de ta première oeuvre ?

A : J’ai débuté avec le dessin, avant de me diriger vers d’autres médiums. Mes premières illustrations étaient 2 portraits d’une femme et d’un homme noirs, avec des motifs type wax. C’est là que je me suis dit qu’il y avait des choses à développer dans ce style. Je les avais imprimés et exposés dans mon salon, mon copain m’avait dit : c’est quoi ce style ? Et je lui avais répondu : ça… ça va devenir gros ! (rires)

H : Peux-tu nous parler de ton parcours artistique : de l’apprentissage à l’entrepreneuriat, en passant par tes éventuelles épreuves ?

A : Suite aux 4 années passées à la Réunion, je suis rentrée en banlieue parisienne, dans l’Essonne et j’étais en mode “jet lag”… Je me suis réfugiée dans le dessin et la création. L’art plastique était ma matière préférée et je faisais aussi mes propres projets. J’avais un véritable besoin de créer mais malheureusement, en France, la créativité n’est pas valorisée. Heureusement que mon père a vu que j’avais cet amour pour l’art. Il m’a accompagnée dans mon apprentissage, mes recherches et mon développement. Après le lycée, j’ai intégré une prépa à Paris et là, c’était “wouaw” : mes devoirs étaient de faire du dessin ! (rires) C’était trop bien, j’ai passé une superbe année. Ensuite, j’ai fait un an aux Beaux-Arts de Dijon puis j’ai été à Orléans. J’ai finalement obtenu mon Master en Design de produits et j’ai du me réinventer car le dessin a toujours été mon truc mais je n’arrivais pas à me l’avouer. Une fois diplômée, j’ai eu un déclic et de 2013 à 2017, j’ai cherché ma voie artistique. J’ai décidé de m’installer au Danemark et ça m’a aidé à me lancer, ouvrir ma curiosité vers d’autres cultures et améliorer mon anglais.

H : J’apprécie particulièrement ton expression créative qui célèbre les Afro-descendants avec fierté, couleurs et passion. Pourquoi est-ce important pour toi de promouvoir des notions comme la diversité, l’excellence noire ou encore le féminisme, à travers ton art ?

A : Je trouve que ces notions ne sont pas assez valorisées et célébrées, particulièrement en France. Quand je suis arrivée au Danemark, j’étais seule, il faisait gris tout le temps, il n’y avait pas de soleil et je commençais à déprimer. Quand je sortais, les gens me voyaient uniquement comme “une française” et je voulais leur dire que je n’étais pas que française. J’avais envie de mettre en avant les Afro-descendants et j’ai choisi de dessiner mes personnages en noir pour contraster avec les couleurs vives qui les accompagnent et mettre en lumière ces figures noires, avec fierté et joie. C’est également important pour moi de montrer qu’on est tous différents et que la diversité est une force. Concernant le féminisme, depuis petite, je me suis toujours demandée pourquoi une femme doit rentrer dans certaines cases et au sein de ma propre famille, mon père avait une position “supérieure” de provider qui me faisait me poser des questions. Et ma mère m’a toujours dit : tu dois être indépendante !

H : Quel est le projet dont tu es le plus fier à date ? Pourquoi ?

A : L’ensemble de mes projets me rend fière. Il y a quelques années, je n’aurais jamais pensé pouvoir mener une carrière artistique car je n’avais pas les épaules pour. Aujourd’hui, je me dis que tout est possible. Avec beaucoup de travail et de la confiance en soi, on peut créer son propre chemin.

H : Selon toi, quelles sont les clés de ton succès en tant qu’Illustratrice, Animatrice et Artiste peintre reconnue à l’échelle mondiale ?

A : La diversité de mes activités est une qualité majeure, en tant qu’Illustratrice, Animatrice et Artiste peintre. Je sais bien utiliser les couleurs, je sais les rendre lisibles et joyeuses. Je fais également en sorte de bien travailler mon image et de mettre en avant ma personnalité. Au final, les marques qui me contactent sont intéressées par mes oeuvres, ma singularité et mon histoire. La dimension humaine est vraiment importante pour moi.

H : Quels conseils donnerais-tu à une jeune artiste qui souhaite se lancer dans une dynamique entrepreneuriale ?

A : Pour commencer, je lui conseillerai de ne pas trop écouter les gens et de se focaliser sur les bons conseils qui font sens. Ensuite, il faut essayer car si elle n’essaie pas, elle ne saura pas. C’est également important de sortir, rencontrer des gens, les contacter par mail, aller à des évènements… Ça permet de tisser des liens et développer des relations professionnelles. Et bien sûr : je lui dirai de croire en elle !