Diandra Tchatchouang

Éditorial - Juin 8, 2021

She Knows : Interview avec Diandra Tchatchouang

Cet article fait partie 3 de 11 la série: She Knows

On a tous grandi à travers les aventures de super-héros fictifs mais qu’en est-il des “Super Humains” ? Ces personnes au parcours hors du commun qui se dépassent au quotidien pour atteindre leurs objectifs, peu importe les obstacles rencontrés. Diandra Tchatchouang fait partie de ces personnalités emblématiques et engagées en faveur de la femme, de la diversité et de la jeunesse !

Diandra Tchatchouang dans le lobby accueillant de l’hôtel Plage Palace à Palavas – Crédit photo : @jeffryjunes sur Instagram

Joueuse de basket professionnelle au BLMA et en Équipe de France féminine, membre de la Commission des athlètes des JO de Paris 2024, fondatrice de l’association “Study Hall 93” et de l’évènement “Take Your Shot”, Diandra est à l’image de son podcast : “Super Humains“. C’est sans surprise que j’ai décidé d’interviewer cette ambassadrice du 93 pour ma rubrique “She Knows!

Herbby : Salut Diandra. J’espère que tu vas bien. Félicitations pour l’ensemble de tes accomplissements personnels et sportifs ! Tes performances sur les parquets sont aussi remarquables que tes initiatives sociales. Tu te qualifies d’ailleurs de “sportive et femme engagée”. Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas, qui es-tu ?

Diandra : Merci beaucoup ! Je suis Diandra Tchatchouang, joueuse de basket professionnelle avec le club de Montpellier et en Équipe de France. J’ai 29 ans, j’ai grandi à La Courneuve où j’ai commencé le basket, d’où mon attachement pour le 93. J’ai suivi un cursus “classique” : je suis passée par le centre de formation Pôle Espoirs à 12 ans, j’ai intégré l’INSEP à Paris pendant 4 ans, j’ai été à l’Université du Maryland aux US pendant 2 ans, avant de devenir professionnelle en 2011. Je suis d’origine camerounaise et j’ai à coeur de faire des choses au Cameroun.

Diandra Tchatchouang

Diandra Tchatchouang sur la terrasse d’une des chambres d’exception de l’hôtel Plage Palace à Palavas – Crédit photo : @jeffryjunes sur Instagram

H : Avant de te mettre au basketball, tu as notamment fait du judo. Quel rôle a joué le sport durant ton enfance et ton adolescence ? Quel est ton premier souvenir de basket ?

D : J’ai fait du judo et de la danse “histoire de” faire du sport mais le basket est le sport auquel j’ai vraiment accroché. Ma soeur et moi l’avons découvert grâce à nos grands cousins qui jouaient sur les terrains streetball d’Aulnay-sous-Bois. On passait nos vacances chez eux donc ils nous ont introduites au basket et on a demandé à notre mère de nous inscrire en club l’année suivante. Au départ, c’était juste pour le fun, pour retrouver les copines et se défouler un peu. Il n’y avait pas vraiment d’objectifs. Au fur et à mesure, le basket m’a appris la rigueur, la discipline et j’ai commencé à me fixer des objectifs.

H : À l’époque, qui étaient tes principales inspirations dans le basket ?

D : Les filles que je voyais à la télé comme les joueuses de Valenciennes et de Bourges. C’était la grande rivalité de l’époque et il y avait déjà très peu de sport féminin à l’écran. Sinon, étant de la génération LeBron James, c’est un joueur qui m’a beaucoup inspiré ainsi que l’ancienne joueuse WNBA, Tamika Catchings.

H : Tu as grandi à La Courneuve en Seine-Saint-Denis, tes maillots arborent le numéro 93 et tu as créé l’association “Study Hall 93” pour permettre aux jeunes de la ville de bénéficier de soutien scolaire hebdomadaire. À quels niveaux ce département t’as aidé à te trouver, t’affirmer et te surpasser pour atteindre tes objectifs ? Peux-tu nous en dire plus sur ton association ?

D : La dimension multiculturelle du 93 m’a ouvert l’esprit dès le plus jeune âge et ça a vraiment été bénéfique pour mon évolution. La diversité de la Seine-Saint-Denis permet de s’intéresser aux autres. Même si on a tous grandi en France, nos backgrounds sont uniques. Le 93 m’a permis d’apprécier la différence et de ne pas la rejeter. Je me suis aussi rendue compte très tôt qu’on était souvent pointé du doigt pour des mauvaises raisons, d’où mon numéro de maillot. J’ai envie qu’on en parle en bien à chaque fois qu’on le mentionne. Toutes ces critiques ont d’ailleurs forgé ce caractère de vouloir montrer que les habitants du département ne sont pas “les derniers de la classe” et font de très belles choses. Notre classe sociale, nos origines, notre appartenance religieuse… ne déterminent rien du tout. C’est important de le rappeler.

C’est pour ces mêmes raisons que j’ai créé mon association “Study Hall 93”. Malheureusement, beaucoup de jeunes hommes et jeunes femmes sont freinés dans la poursuite de leur rêve parce qu’ils viennent du 93. Je pense que la représentation est hyper importante. J’ai eu la chance d’avoir des exemples de sportifs qui ont réussi à atteindre le haut niveau avant moi. C’est pourquoi j’ai lancé mon évènement annuel “Take Your Shot” qui a pour but de montrer aux jeunes filles de la Seine-Saint-Denis qu’elles peuvent atteindre leurs objectifs et réaliser leur rêve.

Portrait de Diandra Tchatchouang dans le lobby de l’hôtel Plage Palace à Palavas – Crédit photo : @jeffryjunes sur Instagram

H : Des ambassadrices comme l’athlète Rouguy Diallo, l’entrepreneure et modèle Flora Coquerel ou encore la journaliste Rokhaya Diallo contribuent à la réussite de “Take Your Shot”, cette journée de sensibilisation à la pratique du basket et aux parcours d’excellence. Peux-tu développer sur l’importance de la représentation des femmes, notamment des femmes noires, dans l’ensemble de tes projets ?

D : À chaque fois que je choisis les invitées de “Take Your Shot”, j’essaie de voir comment les jeunes participantes pourraient s’identifier à ces personnalités féminines inspirantes. Par exemple, Flora Coquerel est une très belle femme qui a été élue Miss France en 2014 mais qui plus jeune a souffert du complexe de la taille et elle en a fait une force, au final. Ça a également été mon cas plus jeune et aujourd’hui, d’autres filles le subissent car c’est jamais facile d’être la différence. Une femme comme Rokhaya Diallo est sur tous les plateaux de télévision, débat avec des hommes politiques et défend ses idées avec beaucoup de lucidité. Je considère qu’elle est aussi un exemple car elle a grandi à La Courneuve, on essaie souvent de lui rappeler pour la rabaisser mais elle est la personne qu’elle est aujourd’hui, malgré ça.

Diandra Tchatchouang et moi en conversation sur la terrasse d’une des chambres d’exception de l’hôtel Plage Palace à Palavas – Crédit photo : @jeffryjunes sur Instagram

H : Aujourd’hui, grâce à ta carrière sportive et ton engagement socio-culturel, tu représentes une source d’inspiration pour les nouvelles générations. Quelle est l’anecdote la plus marquante que tu as vécu avec une jeune athlète durant une de tes initiatives ?

D : En 2016, lors de la première édition de “Take Your Shot”, Rokhaya Diallo et Gwladys Épangue étaient présentes en tant qu’invitées. Je ne m’étais pas rendue compte que toutes les deux étaient de La Courneuve et justement, ce premier évènement avait lieu à La Courneuve. Ça ne pouvait pas être plus parlant pour les jeunes filles présentes ce jour là !

Le fait que cette journée d’échange soit 100% féminine est important car il y a des sujets que les jeunes filles ne veulent pas aborder devant les garçons. Mais, de manière générale, les hommes ont un rôle à jouer dans ce combat qu’est l’égalité des chances hommes-femmes.

Pour revenir à cette première édition, on était dans un moment d’intimité pendant le Q&A et une jeune fille nous a posé une question sur le mouvement “Me Too” qui avait récemment été lancé par des actrices hollywoodiennes victimes de harcèlement dans le milieu du cinéma. Elle était en confiance et sa question est sortie de nulle part. On était toutes surprises et on s’est demandés pourquoi elle nous a fait part de cette question. C’était marquant pour moi car on ne sait pas ce qu’une personne peut traverser, encore moins les enfants, et le fait que cette jeune fille ait pu poser cette question ce jour-là, je me suis dit qu’il y avait vraiment quelque chose à faire. Elles ont vraiment besoin de nous.

 

H : Comme mentionné en intro, tu as lancé le podcast “Super Humains” il y a un peu plus d’un an, afin d’inspirer à travers le partage et la valorisation des expériences de vie de sportifs extraordinaires comme l’ancien rugbyman du Stade Français Aristide Barraud, la boxeuse (et “Super Maman”) Estelle Yoka Mossely ou encore l’attaquante du PSG (et chirurgienne) Nadia Nadim. En tant que fondatrice de la #TeamSuperHumains, quels sont tes super pouvoirs ?

D : Je ne sais pas si j’ai des super pouvoirs car certes, j’ai eu des blessures, je me suis fait deux fois les ligaments croisés et à chaque fois je suis revenue, mais les invités du podcast ont des histoires hors du commun : Aristide Barraud a été victime d’un attentat et Nadia Nadim a vécu la guerre en Afghanistan, par exemple. Si j’ai la possibilité de mettre en avant ces parcours afin qu’ils puissent inspirer d’autres personnes, je le fais volontiers ! Entendre que ces personnes, athlètes de haut niveau ou non, ont réussi à se relever d’épreuves si difficiles, ça donne de la force.

Diandra Tchatchouang dans le lobby accueillant de l’hôtel Plage Palace à Palavas – Crédit photo : @jeffryjunes sur Instagram

H : Ton style vestimentaire est un autre élément fort de ta personnalité. Tu n’hésites pas à varier tes outfits, du sportswear au casual chic, en passant par le glamour. Comment définirais-tu ton style ? Quelle importance lui accordes-tu ?

D : Je m’intéresse à la mode depuis peu donc ça me touche d’entendre que mon style vestimentaire me définit ! (rires) Je fais de plus en plus attention, j’aime beaucoup le streetwear et grâce à mon sponsor Nike, j’ai le choix donc j’essaie d’associer mes pièces de la meilleure manière possible. Mon style dépend vraiment de mon mood du jour, du lieu où je dois aller, de ce que j’ai à faire… Du coup, je n’ai pas de mal à varier mes tenues : je peux être super glamour ou être chic avec un jogging ! Je ne m’impose aucune restriction à ce niveau-là.

Diandra Tchatchouang et moi en conversation dans le lobby accueillant de l’hôtel Plage Palace à Palavas – Crédit photo : @jeffryjunes sur Instagram

H : Tu es d’ailleurs une athlète Nike, avec des homologues comme Kylian Mbappé,  Naomi Osaka, LeBron James, Ibtihaj Muhammad… Que représente pour toi cette signature chez le leader mondial de l’industrie ?

D : Pour moi, c’est une chance. Je suis reconnaissante de pouvoir faire partie de cette grande et belle famille car, au-delà du sport, Nike a de vraies valeurs sociétales à travers lesquelles je me reconnais. La marque n’hésite pas à prendre position sur des sujets que d’autres marques n’oseraient pas aborder.

H : Qui dit Nike dit forcément baskets… Quel est ton Top 3 sneakers pour : un prochain shooting avec Nike / une photo de classe avec l’ensemble des guests de ton podcast “Super Humains” / la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ?

D : Pour un prochain shooting avec Nike, je pense que j’opterais pour une Waffle Sacai car je la trouve classe. Pour une photo de classe avec la #TeamSuperHumains, je partirais sur un modèle plus scolaire comme la Air Force 1 Low. Pour la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 24, je porterais un classique comme la Air Max 1 !

Nike LD Waffle Sacai “Blue Multi” aux pieds de Diandra Tchatchouang sur la terrasse d’une des chambres d’exception de l’hôtel Plage Palace à Palavas – Crédit photo : @jeffryjunes sur Instagram

H : Quels sont tes objectifs sportifs pour cette saison avec les Gazelles de Montpellier et pour tes premiers JO avec l’Équipe de France féminine de basket ?

D : L’objectif est toujours le même : gagner ! C’est pourquoi on travaille tous les jours. Ma philosophie reste la même pour toutes les échéances, c’est-à-dire prendre les choses les unes après les autres. Aujourd’hui, je me focalise sur la fin de saison avec Montpellier. Dans 15 jours, si tu me reposes la question, je te dirais sûrement les championnats d’Europe avec l’Équipe de France. Dans 2 mois, les JO et ainsi de suite.

H : Pour toi, que signifie “She Knows” ?

D : Pour moi, “She Knows” englobe la femme dans sa globalité, aussi bien sa bienveillance que son intelligence. Ça représente la femme forte !

Diandra Tchatchouang sur la terrasse d’une des chambres d’exception de l’hôtel Plage Palace à Palavas – Crédit photo : @jeffryjunes sur Instagram