Tim Hardaway, Allen Iverson, Philip “Hot Sauce” Champion, Jason Williams, Rafer “Skip 2 My Lou” Alston, Kyrie Irving… tous ces joueurs de basket ont pour point commun un ADN streetball. Cette catégorie de joueurs a toujours fasciné les amateurs de bball, notamment au début des 2000s. Brisco Basket Freestyle fait partie de ces passionnnés qui ont été bercés par cette ère incroyable. Du basket classique au freestyle, il a su transformer sa passion en business et s’affirmer en tant que freestyler, influenceur et YouTubeur de renommée internationale !
Découvre les débuts de Brisco dans le basketball, sa transition vers le freestyle et ses accomplissements à date, dans cet entretien exclusif.
Herbby : Salut Brisco. J’espère que tu vas bien. Félicitations pour l’ensemble de tes projets dans le basket freestyle ! Aujourd’hui, tu es une référence dans le milieu, sur les playgrounds et sur la toile, mais ton parcours a débuté bien avant l’ère des réseaux sociaux… D’où vient ton amour pour le basketball ? Quel est ton premier souvenir de ce sport ?
Brisco : J’avais 7 ans, mon père m’a amené voir Space Jam avec mes soeurs, on était les seuls dans la salle de cinéma et j’avais trop kiffé le film. C’est vraiment le générique d’introduction, où tu vois plein d’highlights de Jordan, qui m’a rendu fou et je me suis dit : je veux être ce mec ! D’ailleurs, ils ont repris le concept dans Space Jam – Nouvelle Ère, avec LeBron. Du coup, en sortant de la salle, j’ai demandé à mon père de m’inscrire au basket pour être comme Jordan. J’étais vraiment en mode Be Like Mike ! (rires)
H : Qui étaient tes références quand tu as commencé à jouer ? Ont-elles changé depuis ?
B : MJ était ma première référence, ensuite j’ai grandi avec la NBA Draft 1996 menée par Kobe et Iverson qui a tout chamboulé avec l’ère streetball. J’aime beaucoup ce qui se fait aujourd’hui, notamment des joueurs comme Stephen Curry et Ja Morant, mais le jeu des 90s-début 2000s me manque. La culture basket était totalement différente, c’était incroyable !
H : Pourquoi as-tu décidé de te spécialiser dans le basket freestyle ?
B : C’est clairement l’ère streetball d’Iverson et la vague des AND1 Mixtapes qui m’ont poussé à me mettre dans le freestyle. À l’époque, le basket en club commençait à me souler, on était trop en mode systèmes de jeu, pick and roll, on manquait de liberté sur le terrain. Le basket freestyle m’a permis de découvrir une nouvelle discipline du même sport, avec une liberté totale : je pouvais shooter dans le ballon avec le pied, faire des marcher, m’entraîner quand je voulais… Et aussi, je n’en parle pas souvent mais le playground où je jouais était souvent vide donc quand j’en avais marre de shooter tout seul, je m’entraînais à faire des gestes techniques, j’en créais aussi et petit à petit, c’est devenu un vrai kiff.
H : Ta première vidéo YouTube date de 2006. À l’époque, rares étaient les YouTubeurs et Influenceurs basket… Qu’est-ce qui t’as poussé à te lancer ? Parle-nous de ton parcours depuis cette vidéo d’intro.
B : Au début des 2000s, la communauté basket freestyle fréquentait des forums spécialisés pour communiquer. On était très peu, il y avait un seul forum français et plusieurs forums kainrys, qui m’ont d’ailleurs permis d’apprendre et de pratiquer l’anglais. On partageait nos vidéos via Megaupload pour avoir les avis des autres, on pouvait les voir pendant environ une semaine donc on les re-postait pour que d’autres les voient… C’était une galère de ouf ! Quand YouTube est arrivé, c’était la solution à tout ça. On avait juste à poster notre vidéo, envoyer un lien et on pouvait échanger directement avec la communauté. Il n’y avait pas de délire d’influenceurs, on voulait juste montrer nos skills pour avoir les avis d’autres freestylers. En vrai, on publiait une seule vidéo par an pour montrer notre évolution, parce qu’on était dans un délire où on voulait garder certains moves pour nous et on voulait arriver avec une grosse vidéo chaque année. Un peu comme si on préparait l’album de l’année, tu vois… (rires)
Pour répondre à ta question, l’envie de montrer mes progrès m’a poussé à me lancer. À l’époque, je ne pensais pas que je pouvais en faire de l’argent ou un job. J’avais vraiment envie de partager ce que je savais faire donc en 2006, je publie ma première vidéo sur YouTube. En 2007, je rejoins le groupe S3 “Street Style Society” avec les 2 freestylers foot Séan Freestyle et Andreas qui voulaient monter un crew de freestylers urbains avec des danseurs, des graffeurs… J’ai fait mes premiers shows en France et à l’étranger avec eux. Ensuite, vu que je progressais, j’ai commencé à faire des compétitions et j’ai remporté mon premier battle en 2009. C’est vraiment ce que je kiffais, le fait de pouvoir se mesurer aux gens, montrer que “t’es le meilleur” et en 2013, je finis Champion du Monde. Ce qui m’a choqué est qu’en tant que Champion du Monde de basket freestyle, j’ai remporté “uniquement” 1000 balles, ce qui est très faible quand tu compares à d’autres disciplines même moins connues qui elles, ont des sponsors etc. Du coup, je me suis dit : comment je peux faire pour que ma discipline soit plus connue ? Et là, j’ai commencé tout le délire des réseaux sociaux notamment avec des tutos de freestyle sur ma chaîne YouTube. Je voulais vraiment montrer ma discipline, pas me montrer moi mais mettre le basket freestyle sur le devant de la scène. Ma communauté a bien grandi grâce à ma légitimité en tant que Champion du Monde et les gens demandaient de plus en plus de vrai jeu en commentaires, en plus des tutos. Après, j’ai eu beaucoup de collabs avec des gros YouTubeurs comme Le Rire Jaune et Tibo InShape, ce qui m’a fait prendre beaucoup d’abonnés. J’ai vite atteint les 100k, j’ai pu défier des joueurs pro et j’ai fait en sorte de diversifier les thèmes de mes vidéos, tout en gardant la dimension basket freestyle.
H : Selon toi, quelles sont les clés de ta réussite en tant que freestyler, YouTubeur et Influenceur basketball de renommée internationale avec plus de 600k abonnés sur YouTube, Instagram et Facebook ?
B : La passion, le fait de vouloir mettre le basket freestyle sur le devant de la scène. J’ai débuté en 2006 et ça a commencé à payer en 2017-18, 11 ans après ! Il faut faire les choses par passion, être patient, régulier, avoir la dalle et faire les choses bien.
H : Tu fais partie de cette génération qui a grandi avec les AND1 Mixtapes et tu as eu l’occasion d’affronter la légende Hot Sauce lors de sa tournée européenne, en 2019 ! Raconte-nous ce moment “full circle”.
B : Les AND1 Mixtapes ont énormément influencé mes débuts dans le freestyle. À l’époque, on s’échangeait les VHS… J’ai pu avoir la Mixtape 5 et j’ai trop kiffé puis j’ai vu la 3 et c’était n’importe quoi. Les moves d’Hot Sauce étaient phénoménaux ! Je me demandais d’où venaient ses idées, le fait de faire chercher le ballon à ses adversaires, faire des reprises de dribble à une époque où c’était tabou etc. Je trouvais qu’il était trop créatif, trop efficace et il avait un flow incroyable. Pour la petite histoire, pendant un moment il découpait les manches de son tee-shirt et laissait les fils pendre, et j’avais fait pareil ! (rires) Pour moi, Hot Sauce, The Professor et les autres joueurs d’AND1 sont les vrais influenceurs. On les regardait pour être comme eux. J’ai même essayé de le contacter plein de fois sur les réseaux sociaux mais pas de réponse.
Finalement, en 2019, l’équipe In Da Paint le fait venir à Paris. Je les contacte pour leur dire qu’il faut absolument que je fasse un truc avec lui. Du coup, j’ai commencé à réfléchir à des idées de vidéo et finalement, je me suis dit que je prendrais du contenu à toutes les dates de sa tournée parisienne et je verrais ce que j’en ferais. Au final, j’en ai fait un mini-documentaire car Hot Sauce m’a énormément inspiré et c’est la vidéo dont je suis le plus fier. Cette rencontre fait partie du Top 3 de mes accomplissements personnels, avec mon titre de Champion du Monde. La boucle a été bouclée !
H : Tu as également affronté, coaché et/ou appris des moves à George Eddy, Gary Payton, Tony Parker, James Harden, Joel Embiid, Marine Johannes, Moustapha Sonko, Jok’Air, Neymar, Mbappé… Parmi toutes tes rencontres et activations, quelle est ton expérience la plus marquante à date ? Pourquoi ?
B : Après Hot Sauce, je dirais les joueurs NBA et chacune de ces rencontres a une histoire particulière. Par exemple pour Gary Payton, c’était ma première activation avec un joueur NBA. Trois ans avant sa venue à Paris, j’étais sponsorisé par Spalding et je leur avais demandé un contact au sein de la NBA, au culot, pour proposer de faire un truc avec Payton. Ils m’avaient filé un contact et j’ai proposé à la NBA une presta freestyle pour leur activation à Châtelet. Ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas de budget donc je leur ai proposé de me laisser un peu de temps avec GP pour faire une petite démo. Ils ont accepté et au final, la vidéo a été une de mes premières vidéos les plus virales avec plus de 600k vues en très peu de temps !
James Harden, c’est pareil. Il n’y avait rien de prévu. On était 5 influenceurs basket pour l’activation, la team adidas nous avait dit qu’on allait faire une photo avec Harden dès qu’il arrivait et qu’on devait partir juste après. Au final, j’ai vu Harden débarquer, j’ai commencé à faire tourner le ballon sur mon doigt et je lui ai demandé : Yo James, can you do this? Et là, on s’est lancé dans un défi de moves, la team adidas a pété les plombs… Au final, j’ai eu ma vidéo et c’est ce qui a fait qu’elle a été virale.
J’ai des anecdotes de ce type pour chaque joueur. Au final, ce qui me marque le plus dans ces moments est le fait qu’il n’y a pas de hasard, il faut juste provoquer sa chance !
H : Quel est ton Top 3 sneakers : pour un 1 vs 1 contre Giannis Antetokounmpo / pour une scène dans Space Jam 3 / pour l’inauguration de ton propre camp “Brisco Basket Freestyle” ?
B : Pour un 1 vs 1 contre Giannis, je pense que je mettrais une Zoom Freak, soit la 1 “Black” soit une 3. Pour une scène dans Space Jam 3, je partirais sur une AJ11 “Adapt” qui se lace automatiquement car Space Jam 3 devrait être encore plus futuriste que le 2 ! Pour l’inauguration de mon propre camp “Brisco Basket Freestyle”, il me faut une paire incroyable donc je dirais la Crazy 8 de Kobe aux couleurs des Lakers.
H : Quel est ton Top 3 dream guests : pour un 1 vs 1 / pour apprendre de nouveaux moves / pour t’introduire au Basket Freestyle Hall of Fame ?
B : Pour un 1 vs 1, mon dream guest of all times est Jordan ! Je ne pense pas que ça arrivera mais si ça arrive un jour, je peux me retirer… Pour apprendre de nouveaux moves, je dirais soit Kyrie Irving parce que pour moi c’est le joueur NBA qui a le plus de skills, soit The Professor d’AND1. D’ailleurs, on me demande souvent de faire des trucs avec lui et je pense que ça se fera. Pour m’introduire au Basket Freestyle Hall of Fame, soit The Professor soit Luis Da Silva qui est le gars qu’on voit le plus dans la pub Nike Basketball de 2001. C’est vraiment le Godfather du basket freestyle !
H : Que peut-on attendre de toi dans les mois à venir ?
B : Je vais continuer de taffer, proposer du bon contenu, réaliser de belles collabs et tout simplement, mettre le basket freestyle sur le devant de la scène. Je bosse également sur une tournée donc j’espère qu’elle verra le jour !