July 17, 2023

Guest List : Interview avec Chris Macari

This article is part 0 of 2 in the series: Guest List

Chris Macari fait partie des artistes visuels qui ont marquĂ© l’Histoire de la musique française, notamment du Rap, grĂące Ă  son catalogue de clips rĂ©alisĂ©s pour des rĂ©fĂ©rences comme Booba, Mac Tyer, Kalash, Ninho, Amel Bent, Kenji Girac et j’en passe ! Cet autodidacte d’origine martiniquaise mĂšne “une vie pleine d’images” depuis son plus jeune Ăąge. À commencer par sa passion pour le dessin et la peinture, deux arts graphiques qui lui tiennent Ă  cƓur et qui lui ont permis d’Ă©voluer vers le montage vidĂ©o, la rĂ©alisation et la production.

Chris Macari, RĂ©alisateur, Producteur, Monteur et Peintre, en direct de MODES Paris – CrĂ©dit photo : @cmichalet sur Instagram

Aujourd’hui, Chris Macari est un label certifiĂ© de la Culture et c’est un honneur pour moi de partager cette interview exclusive, riche en passion et en images. Merci Ă  MODES (17 rue François 1er, 75008 Paris) pour l’accueil !

Herbby : Quel est ton premier souvenir de Hip-Hop ?

Chris Macari : Ça remonte au collĂšge, “un grand” m’avait donnĂ© une cassette audio de l’album Death Certificate d’Ice Cube ! J’ai d’autres souvenirs de l’époque dont l’émission H.I.P. H.O.P. de Sidney qui passait sur la chaĂźne RFO aux Antilles, mais c’est vraiment le plus important de ma vie. Sinon, j’ai pris une vraie gifle quand j’ai dĂ©couvert le Wu-Tang qui est vite devenu mon groupe prĂ©fĂ©rĂ©.

On set avec Chris Macari – CrĂ©dit photo : @cmichalet sur Instagram

H : Comment es-tu tombé amoureux de cette culture multidisciplinaire ?

CM : GrĂące aux images et aux sonoritĂ©s. J’ai commencĂ© Ă  voir des clips de Rap quand j’étais adolescent et ça m’a matrixĂ© ! Il y avait dĂ©jĂ  des clips de zouk, de Bob Marley etc qui passaient aux Antilles mais lĂ , c’était trop fort pour moi. Je voyais comme des super-hĂ©ros qui Ă©taient dans leur propre dĂ©lire et qui avaient la mĂȘme couleur de peau que moi. Je m’identifiais Ă  eux sans vouloir avoir leur vie ou ĂȘtre comme eux mais visuellement, ça me faisait rĂȘver.

Dessin d’Inspectah Deck du Wu-Tang rĂ©alisĂ© par Chris Macari – CrĂ©dit photo : @cmichalet sur Instagram

H : Aujourd’hui, tu es connu et reconnu en tant que rĂ©alisateur mais une de tes premiĂšres passions est le dessin. Comment s’est faĂźte la transition entre ces deux arts graphiques ?

CM : DĂ©jĂ , je suis super content que tu me poses cette question parce qu’il y a trĂšs peu de gens qui savent que je dessine, Ă  la base. Étant donnĂ© que je suis quelqu’un de solitaire et introverti, le dessin me permettait de m’exprimer et m’évader. J’ai commencĂ© trĂšs tĂŽt. Ma mĂšre me raconte souvent que quand j’avais, 3, 4 ans, mon pĂšre m’a amenĂ© voir un exercice de pompiers et j’ai dessinĂ© la scĂšne en mettant l’herbe qui bouge avec le vent des hĂ©lices de leur hĂ©licoptĂšre. Le fait que je puisse comprendre et reproduire ce dĂ©tail Ă  cet Ăąge l’a marquĂ©. Ça fait environ quatre ans que je n’ai pas vraiment dessinĂ© ou peint mais je m’y mets de temps en temps. D’ailleurs, j’ai fait beaucoup de dessins des membres du Wu : Method Man, Inspectah Deck


Pour rĂ©pondre Ă  ta question, quand je suis arrivĂ© Ă  Paris, j’ai fait une Ă©cole d’arts graphiques qui s’appelle ESAG Penninghen. J’ai optĂ© pour la section Arts Graphiques dans laquelle on dessinait beaucoup et on apprenait Ă  travailler sur diffĂ©rents logiciels type After Effects. Quand j’ai dĂ©couvert After Effects, j’étais en mode geek et, je ne sais pas pourquoi, j’ai voulu apprendre Ă  monter sur ce logiciel. Une fois que j’ai commencĂ© Ă  le maĂźtriser, je crĂ©ais des petites vidĂ©os, des petits montages. Je faisais aussi un peu de 3D et je me souviens que j’avais reproduit un stade de basketball avec une camĂ©ra qui entre dans le stade, passe au-dessus des gradins et j’avais ajoutĂ© un flash pour intĂ©grer des extraits d’une vidĂ©o YouTube de Vince Carter au NBA Slam Dunk Contest 2000 ! (rires)

On set avec Chris Macari Crédit photo : @cmichalet sur Instagram

H : Parle-nous un peu de tes débuts dans la réalisation : le déclic, tes inspirations, ta formation, tes premiers projets


CM : Le dĂ©clic date de 2002 et c’est prĂ©cisĂ©ment le clip Made You Look de Nas ! Niveau Rap US, je suis plus East Coast, New-York : Wu-Tang, Mobb Deep, Dipset etc. Nas est un artiste que j’ai beaucoup Ă©coutĂ© et il avait fait son retour en 2001 avec l’album Stillmatic qui est trĂšs lourd. Un an aprĂšs, il est arrivĂ© avec Made You Look pour l’album God’s Son et lĂ , c’était trop pour moi ! J’étais dĂ©jĂ  dans l’Hexagone Ă  l’époque, j’ai vu le clip Ă  la tĂ©lĂ© et je me suis dit : “je veux pouvoir rĂ©aliser ce genre d’images”.

Du coup, mes premiĂšres rĂ©alisations Ă©taient des clips pour mon cousin et des potes qui avaient un groupe ensemble. On est au dĂ©but des 2000s, j’allais acheter des CDs tous les Samedis Ă  l’ancien Virgin Megastore des Champs-ÉlysĂ©es, mon cousin venait les Ă©couter chez moi et des fois, je bossais sur des vidĂ©os donc il voyait les montages que je faisais. C’est parti comme ça puis en 2005-2006, j’ai commencĂ© Ă  rencontrer quelques artistes connus et moins connus, et en 2006-2007, ça a vraiment dĂ©collĂ© grĂące au clip 93 Tu Peux Pas Test pour Mac Tyer. AprĂšs, j’ai enchaĂźnĂ© avec Despo Rutti, Rim’K, Mokobé 

Chris Macari portant le tee-shirt MODES Garments en hommage Ă  la ville de Paris – CrĂ©dit photo : @cmichalet sur Instagram

H : Depuis, tu as marquĂ© l’histoire du Hip-Hop français et plus, Ă  travers tes innombrables clips pour des artistes comme Booba, Mac Tyer, Casey, Youssoupha, Amel Bent, des chanteuses et chanteurs de Zouk
 Selon toi, quelles sont les clĂ©s de ta rĂ©ussite ?

CM : DĂ©jĂ , je fais ce que je fais avec passion. J’ai aimĂ© une musique, j’ai dĂ©couvert le mouvement auquel est liĂ©e cette musique, j’ai pris le temps d’étudier ce mouvement et je suis tombĂ© amoureux de ce mouvement qu’est la culture Hip-Hop. AprĂšs, depuis petit j’aime l’image notamment l’image en mouvement, les dessins animĂ©s, les films et les clips. La passion fait que je perdure depuis tout ce temps et mon parcours n’est pas fini. Je fais des clips et surtout, j’ai encore envie d’en faire !

H : Pourquoi Ă©tait-ce important pour toi de te diversifier et d’avoir la casquette de producteur, en plus de rĂ©alisateur ?

CM : J’ai toujours voulu ĂȘtre mon propre patron et j’ai toujours voulu produire et rĂ©aliser mes propres oeuvres. Aujourd’hui, des producteurs font appel Ă  moi pour des projets mais depuis mes dĂ©buts, j’ai produit et rĂ©alisĂ© 75% de mes crĂ©ations.

On set avec Chris Macari – CrĂ©dit photo : @cmichalet sur Instagram

H : Tu es d’origine martiniquaise et tu y as vĂ©cu toute ta jeunesse, avant de venir faire tes Ă©tudes dans l’Hexagone. À quelle(s) niveau(x) la Martinique, et plus globalement la CaraĂŻbe, t’inspirent dans ton travail et tes projets ?

CM : La Martinique et les Antilles reprĂ©sentent 75% de mes projets mais avant tout, c’est toute ma vie ! Il n’y a pas une annĂ©e oĂč je n’ai pas envie d’aller au Peyi pour me ressourcer et me remettre sur pied. Pourtant, quand je suis en Martinique, je suis trĂšs casanier et le seul petit plaisir que je me fais c’est du jet ski. J’aime bien rester dans mon cocon, profiter de ma famille et voir mes proches. Les couleurs, la lumiĂšre et la chaleur des Antilles m’ont toujours inspirĂ© donc j’essaie de les retranscrire dans mes rĂ©alisations.

Tatouage “972” de Chris Macari – CrĂ©dit photo : @cmichalet sur Instagram

H : Niveau lifestyle, tu es notamment passionnĂ© de sneakers. D’oĂč vient cette passion ? Quel est ton modĂšle prĂ©fĂ©rĂ© ?

CM : La passion est nĂ©e quand j’ai vu Michael Jordan dunker sur la tĂȘte des gens ! (rires) Je voulais Ă  tout prix ses baskets mais ma mĂšre n’avait pas les moyens de me payer des chaussures Ă  1000 Francs Ă  l’époque
 J’ai eu la chance d’en avoir pour certains anniversaires, quand la famille cotisait. AprĂšs, j’ai continuĂ© Ă  voir des paires dans les clips donc je voulais les modĂšles de mes artistes prĂ©fĂ©rĂ©s pour leur ressembler. Du coup, quand je suis arrivĂ© dans l’Hexagone, j’ai commencĂ© Ă  taffer et Ă  gagner mes premiers sous donc “j’ai rattrapĂ© le temps perdu” en achetant toutes les Jordan de l’époque Chicago Bulls, de la AJ1 Ă  la 14 ! Niveau lifestyle, Mitchell & Ness et Nike sont mes marques prĂ©fĂ©rĂ©es et j’aime beaucoup les premiĂšres paires adidas de Kobe : la Crazy 1, la Crazy 97 du concours de dunk et la Crazy 8. Sinon, mon modĂšle de sneakers prĂ©fĂ©rĂ© est la LeBron 15. J’ai 8 coloris diffĂ©rents dont un exemplaire qu’il a dĂ©dicacĂ© !

Kobe 1 “Prelude Pack” Ă  mes pieds – CrĂ©dit photo : @cmichalet sur Instagram

H : Parmi l’ensemble de tes rĂ©alisations et productions, tous domaines confondus, quelle est l’oeuvre dont tu es le plus fier ? Pourquoi ?

CM : DĂ©jĂ , je suis fier d’avoir travaillĂ© avec Booba parce que c’est un gros artiste, avec une Ă©thique de travail solide qui pousse Ă  exceller. En ce qui concerne l’oeuvre dont je suis le plus fier, je dirais mon documentaire sur l’Empire Zulu qui va sortir incessamment sous peu. Je suis allĂ© en Afrique du Sud et j’ai dĂ©couvert un peuple ancestral magnifique qui a notamment inspirĂ© Black Panther.

On set avec Chris Macari – CrĂ©dit photo : @cmichalet sur Instagram

H : En tant que OG et sponsor officiel des U13 de Villeparisis, quels conseils donnerais-tu Ă  un jeune qui souhaite vivre de sa passion ?

CM : Je conseille Ă  tous les jeunes de croire en eux et de faire ce qu’ils ont envie de faire. On a qu’une vie et elle passe trĂšs vite. J’en profite d’ailleurs pour passer un Big Up Ă  la famille du rĂ©alisateur Valentin Petit qui nous a quittĂ©s rĂ©cemment et qui Ă©tait le GOAT, pour moi. Il avait 10 ans de moins que moi mais il avait autant voire plus de skills que moi dans la vidĂ©o.

Il est vraiment important de croire en soi et de vivre sa vie au max : tu as envie de faire un court-mĂ©trage, fais ton court-mĂ©trage, tu as envie de dĂ©marcher des boĂźtes de production, dĂ©marche des boĂźtes de production etc. Dans la vie, il faut bouger, il faut toujours ĂȘtre dans l’action.

Chris Macari portant le tee-shirt MODES Garments en hommage Ă  la ville de Paris – CrĂ©dit photo : @cmichalet sur Instagram

H : Que peut-on attendre de Chris Macari dans les mois Ă  venir ?

CM : La sortie du documentaire sur l’Empire Zulu, d’autres projets clips et ensuite, on passera au plus grand format, si Dieu veut.

Chris Macari, RĂ©alisateur, Producteur, Monteur et Peintre, en direct de MODES Paris – CrĂ©dit photo : @cmichalet sur Instagram