J’ai découvert l’art visuel de Charles Michalet grâce à Tonton Gibs et depuis, on ride ensemble pour mes articles StockX ! La photographie l’a adopté lors d’un voyage mémorable aux US en 2016, ce qui l’a motivé à débuter une carrière professionnelle dans le milieu. De Damso à Kendrick Lamar en passant par Shaquille O’Neal, l’équipe du PSG, Jerry Lorenzo ou encore Wemby, un grand nombre d’icônes de la Culture sont passées devant l’objectif affûté de ce jeune talent du 92. En plus de la photographie, le Hip-Hop, les voyages, le sport ou encore la cuisine animent son quotidien et contribuent au développement de son esthétique visuelle.
Après presque deux ans de collaboration, il était grand temps pour moi de mettre en lumière son amour pour la photographie, sa vision artistique, ses passions multiples et quelques conseils aux passionnés de photo qui ambitionnent de se professionnaliser !
Herbby : Comment est né ton amour pour la photographie ?
Charles Michalet : Mon amour pour la photo est né lors de mon premier voyage à New York et Los Angeles, en famille, en 2016. Mon père a embarqué l’appareil photo qu’on lui a offert pour ses 50 ans et au final, c’est moi qui me suis retrouvé à m’en servir tous les jours car j’étais émerveillé par la grandeur et la diversité de New York. Je passais mes journées la tête en l’air à shooter tout ce que je pouvais ! Los Angeles aussi avait un truc que j’adore et qui m’a donné envie de shooter. J’ai pris beaucoup de plaisir et suite à ça, j’ai entamé mon avant-dernière année de cours au lycée d’art Saint-Luc Tournai en Belgique. J’avais deux heures de photos par semaine et ça m’a permis d’entretenir ce plaisir qu’est la photographie. Quand je rentrais sur Paname le week-end, j’étais déjà dans les sneakers et toute la culture autour donc j’en profitais pour shooter mes potes, leurs paires et leurs outfits. C’est comme ça que je me suis lancé sur Instagram par la même occasion.
H : Te souviens-tu de ton premier cliché ?
CM : Alors là, c’est une bonne question car ça remonte à bien longtemps… Mon premier cliché perso était sûrement une vue des grandes tours de New York. Sinon, un de mes premiers shootings pro marquants est celui de Mac Tyer à Aubervilliers, dans sa cité, pour la réédition des Air Max 98. J’étais encore un enfant et j’étais super impressionné d’être face à une telle légende du haut de mes 19 ans, avec aucune expérience ! Au final, il était vraiment cool et m’a mis en confiance, ce qui m’a permis de faire des photos dont je suis encore fier aujourd’hui.
H : Quand t’es-tu lancé en tant que photographe professionnel ? Comment s’est faîte la transition de hobbie à statut pro ?
CM : J’ai commencé le 12 janvier 2018 en tant que photographe chez Opium : c’est là que mon rêve a commencé à se réaliser ! Durant mon avant-dernière année de cours en Belgique, j’ai concrétisé cette passion et ce kiff pour la photo. À la fin de l’année, j’avais le choix entre deux branches, la 3D et la Publicité, deux milieux qui m’intéressaient mais pas au niveau professionnel. Du coup, j’ai décidé d’arrêter les cours et de tout faire pour me lancer en tant que photographe pro car je savais que c’était ça que je voulais faire. Grâce aux contacts que j’avais dans la sneakers, j’ai pu faire des rencontres qui m’ont mené là où je suis aujourd’hui. Big up à ma Jeanne Reuss pour avoir parlé de moi aux boss d’Opium et merci à Yace et Mounir de m’avoir donné une chance !
H : Comment décrirais-tu ton art visuel ?
CM : C’est assez compliqué pour moi de décrire mon art visuel. Je dirais que je me nourris de ce qui m’entoure, que ce soit mon environnement ou les gens qui gravitent autour de moi. J’apprends et j’essaye de développer constamment mon art pour éviter de tourner en rond et je fais en sorte de toujours offrir quelque chose de différent, avec ma touche personnelle. J’essaye de transposer ma vision du monde et mon esthétisme à mes photos pour qu’elles puissent me correspondre au maximum. J’aime les choses vivantes, j’adore jouer sur le contraste et sur la lumière. Grâce à la photo, j’ai cette chance de pouvoir immortaliser un instant de vie et de lui donner l’aspect que j’ai envie en y apportant ma vision et mon ressenti.
H : Tu es notamment passionné de Hip-Hop et tu aimes voyager. À quel(s) niveau(x) ces deux éléments t’inspirent dans tes projets et ton travail ?
CM : Le Hip-Hop c’est vraiment une énorme partie de ma vie. C’est une culture dans laquelle je suis rentré via des potes au début du collège. Je m’en suis imprégné et inspiré car c’est la culture qui me correspond et qui me fascine par toute son histoire et ses messages. Le voyage c’est aussi un truc essentiel de ma vie car c’est ce qui me permet de partir pour mieux revenir, d’être inspiré et surtout d’apprendre des autres et sur moi-même. Je pense que c’est essentiel pour se ressourcer et découvrir le monde dans lequel on vit ! Ces deux choses m’inspirent indirectement. Je dirais que le Hip-Hop m’inspire beaucoup sur mon esthétique. En grandissant et en découvrant le travail de photographes comme Armen Djerrahian, Jonathan Mannion ou Mike Miller, ça fait rêver. J’ai toujours aimé ajouter un aspect urbain à mes photos et faire en sorte qu’elles me ressemblent au maximum. Les voyages m’inspirent plus spirituellement, dans le sens où c’est en découvrant de nouvelles cultures, de nouveaux paysages et peuples que je me ressource et que je m’enrichis. Ce qui influe sur ma vision artistique, ma façon de voir les choses et ma manière de retranscrire à travers mes photos.
H : Tu es également dans les baskets donc j’en profite… Quel est ton Top 3 sneakers pour : Shooter à un festival ? Prendre des clichés en détente durant un voyage ? Un éventuel shooting privé de RZA du Wu-Tang ?
CM : C’est très dur de ne choisir que 3 paires… mais je dirais : pour un festival, une bonne paire de Hoka Bondi 7 car le confort il y a que ça de vrai quand tu marches 25 km par jour ! Pour shooter pendant un voyage, rien de mieux qu’une paire d’Air Force 1 White/White ou Roc-A-Fella. Et je dirais forcément une Dunk High Wu-Tang pour shooter la légende RZA, tout en restant en chaussettes pour ne pas abîmer la paire ! (rires)
H : Parmi tous tes projets photos, quel est celui dont tu es le plus fier à date ? Pourquoi ?
CM : Niveau pro, je dirais mon shooting des behind-the-scenes lors du shooting photo du nouveau maillot du PSG. Le fait d’avoir eu la confiance d’une marque comme Jordan pour shooter les joueurs d’exception du club que je supporte depuis 19 ans, ça représente énormément pour moi ! Niveau perso, c’est sûrement l’Eleven All Star organisé par le streamer Aminematue. J’ai eu l’opportunité de shooter l’événement, des entraînements au match, et le projet m’a rempli de bonheur ! Je suis un enfant d’Internet avant tout et voir cette culture parvenir à créer un événement aussi beau, fédérateur et dans une bienveillance totale, c’est juste magnifique à vivre.
H : Quels conseils donnerais-tu à un(e) jeune photographe passionné(e) qui souhaiterait se lancer en tant que professionnel(le) ?
CM : Je commencerais par lui dire de ne jamais arrêter de croire en ses rêves et de ne jamais se laisser abattre. Le monde de la photo, et plus globalement de l’entrepreneuriat, n’est pas simple en France. Il faut s’accrocher, ne rien lâcher et apprendre à se démarquer. Il n’y a pas de secret pour s’améliorer : il faut shooter, shooter et shooter toutes les choses qui nous inspirent autour de nous, avec son appareil photo ou même son téléphone. Il ne faut pas hésiter à être son propre critique et à se remettre souvent en question pour avancer. Il faut essayer de jouer avec tous les outils qu’on a à notre disposition aujourd’hui, je pense notamment aux logiciels de retouche comme Lightroom et Photoshop qui ont un nombre infini de possibilités ! Il faut bouger tous les curseurs et essayer, jusqu’à trouver l’esthétique qui nous correspond. Une des choses les plus importantes aujourd’hui c’est de créer du contact, aller vers les gens et pousser les portes. Il ne faut jamais se limiter à ce qu’on connaît déjà. L’échec fait partie du processus et il permet très souvent d’apprendre et d’en ressortir plus fort. Il faut prendre toutes les expériences possibles pour se trouver en tant qu’artiste et pour pouvoir évoluer. J’aurais pu abandonner plus d’une fois mais la volonté de réussir dans ce métier que j’aime tant m’a toujours permis de ne jamais baisser les bras et de continuer à avancer malgré les complications.
Pour ma part, l’année 2023 a été une année assez compliquée avec beaucoup de remises en question, de périodes de doute mais j’ai travaillé sans relâche pour refaire pencher la balance du bon côté ! Pour finir, je lui dirais de ne pas s’oublier dans le processus. La santé mentale est très importante dans tout ce parcours et il ne faut pas hésiter à s’entourer des bonnes personnes, demander conseil et ne pas s’enfermer dans un cercle vicieux qui peut être dur à gérer. Trust the process !